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Echec des négociations entre le Kosovo et la Serbie

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Après des négociations de plus de douze heures, les délégués du Kosovo et de la Serbie réunis à Bruxelles se sont séparés aujourd’hui sans avoir pu résoudre la question qui les réunissait : le statut à accorder à la partie nord du Kosovo, peuplée majoritairement de serbes. Catherine Ashton, qui assumait le rôle de médiateur dans cette rencontre, a commenté non sans poésie : « le fossé qui sépare les deux parties est étroit, mais profond »…

Le Kosovo est le dernier né des micro-états balkanique. Ce pays d’à peine 1,8 millions d’habitants a pris son indépendance vis-à-vis de la Serbie en 2008.

Les dissensions entre Belgrade (qui refuse toujours de reconnaitre l’indépendance du Kosovo) et Pristina se focalisent sur deux points.

Le premier est historique. La Serbie considère la « province » du Kosovo comme son cœur médiéval. Dans l’imaginaire serbe, le nom de Kosovo renvoit à une bataille opposant serbes et ottomans qui s’est déroulée en 1389. Cette bataille (pourtant perdue) est considérée comme le fondement de l’unité de la nation serbe. On comprend donc que l’indépendance du Kosovo puisse être perçue comme une grave atteinte à un orgueil national serbe qui a déjà beaucoup souffert ces vingt dernières années.

Le deuxième point est plus prosaïque. Le Kosovo est, dans sa très grande majorité (autour de 95%), peuplé d’albanais. A l’exception d’une petite région, au nord, où réside une majorité de serbes. Le problème est que cette minorité serbe, ardemment soutenue par Belgrade, refuse catégoriquement de reconnaitre l’autorité de Pristina, et réclame (à défaut de pouvoir retourner dans le giron serbe) un statut de large autonomie (autonomie existant déjà dans les faits). De son côté, le Kosovo refuse toute solution se traduisant par une atteinte à son unité et à la souveraineté de son exécutif.

Encore une impasse dans les Balkans… Le dernier avatar d’un morcellement ethnique et territorial qui, s’il n’était à ce point dramatique, serait véritablement burlesque (le territoire disputé représente 1500km², le quart d’un département français !).

Il reste que le conflit entre Kosovo et Serbie met en lumière deux problématiques géopolitiques beaucoup plus larges que les seuls Balkans.

La première, c’est la bataille diplomatique autour de la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo. Les Etats-Unis et une grande partie de l’UE ont reconnu le pays, mais (assez naturellement) le « grande frère » russe, qui ne s’est jamais désintéressé de la petite Serbie culturellement si proche d’elle, refuse cette indépendance (bloquant par jeu diplomatique la reconnaissance du pays par l’ONU). Remarquons également que l’Espagne, confrontée elle aussi à la problématique « sécessionniste », se retrouve plutôt curieusement dans le camp pro-serbe…

La seconde, c’est la question de l’influence, du « Soft Power »  de l’UE. Car si Catherine Ashton a réussi à réunir autour de sa table serbes et kosovars, c’est car ces deux pays ont prétention à rejoindre l’UE (l’hymne national kosovar est intitulé « Europe »…). Inutile de dire que la paix et la pacification des relations est mis en avant comme un indiscutable préalable à toute candidature sérieuse (ou sérieusement examinée).

L’évolution des négociations futures sera ainsi un bon indicateur de l’état du soft power de l’Union.

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