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Belgique, un pays sans identité ?

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Beaucoup avaient raillé l’incapacité de nos voisins belges à former un gouvernement durant plus de 400 jours, en 2011-2012. Dans un pays trilingue et divisé en quatre régions, la chose n’est guère aisée et c’est ainsi que beaucoup pointent également le risque séparatiste, plaidant l’absence d’identité commune dans le plat pays.

S’il est bien un pays en Europe où le principe d’Etat-nation ne fait guère plus sens, il s’agit de la Belgique. Une anomalie politique, pourrait-on dire, où Flamands et Wallons sont amenés à cohabiter, sans pour autant, historiquement, agiter le spectre de la séparation. Ils sont assimilables à un couple divorcé forcé de vivre sous le même toit, faute d’alternative crédible.

L’identité belge est en péril, c’est une évidence. Le Roi des Belges n’incarne plus que la figure tutélaire d’un pays qui a profité tout à la fois des opportunités et des risques générés par la mondialisation. La Révolution énergétique a renvoyé le charbon parmi les énergies les plus chères et les moins rentables, rendant la Wallonie, autrefois fort prospère, victime d’un chômage chronique, que les gouvernements successifs n’ont guère résolu depuis plus de 50 ans. Au Nord, forte d’une ouverture sur la mer et de grands hubs portuaires (Anvers, Zeebrugge), la Flandre s’est réaffirmée comme une porte d’entrée pour divers produits, que ce soit à l’importation ou à l’exportation.

Le refus de la séparation, voilà peut-être la dernière chose qui relie Flamands et Wallons…

On comprend donc aisément pourquoi la Flandre, autrefois ringardisée par la Wallonie, voudrait désormais arrêter de « payer pour les autres », à la manière de la Catalogne. La confédération est le minimum souhaité par les Flamands, afin que ne soient réglés à l’échelle nationale que la justice et les affaires internationales. Issue crédible, si seulement ne se posait pas le problème épineux de la région de Bruxelles-capitale. Enclavée en Flandre, elle est peuplée majoritairement de francophones, mais les oppositions entre les deux identités ne font pas rares et refont de plus en plus surface.

Politiquement, l’idée d’une séparation fait recette, particulièrement en Flandre. Le premier parti flamand, le N-VA, plaide ainsi purement et simplement pour l’autonomie de la région. Mais, comme souvent, acter une autonomie voire une séparation est loin d’être chose aisée, même en temps de crise économique ou de poussée des partis « extrêmes ».

Nous pouvons faire le pari que la Belgique demeurera ce couple divorcé dans les têtes mais uni dans les faits durant encore de nombreuses années, affirmant un système politique original. Difficile d’imaginer en effet le cataclysme que représenterait, à l’échelle nationale mais surtout continentale, la scission d’un des moteurs historiques du mouvement européen. Et ce, alors même que contrairement aux velléités basques ou nord-irlandaises, chaque camp linguistique a globalement obtenu ce qu’il souhaitait dans la non-violence et le dialogue.

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