EuropeRussie et espaces post-soviétiques

La Russie et l’OTAN : la glace enfin brisée ?

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Les dernières années ont marqué un étrange affrontement sur la scène internationale, entre deux entités, qui, finalement, combattent bon an mal an les mêmes cibles. En effet, la Russie et l’OTAN se cherchent en permanence, si bien que toute décision prise par une des deux parties était généralement mal comprise par l’autre. Il en était ainsi du plan américain d’installation de systèmes anti-missile aux frontières russes (en Pologne et en République Tchèque), en 2007-2008, « censé » faire peur aux velléités iraniennes, et en réalité perçu par la Russie comme une attaque indirecte.

Cependant, lors du sommet de l’OTAN de Lisbonne de cette semaine, la Russie a été invitée à participer au débat sur un futur bouclier anti-missile, dont la (seule) cible désignée est l’Iran. Ainsi, enterrées les haches de guerre du plan de Reagan (la fameuse « Guerre des Etoiles ») des années 1980, et du plan de Bush de 2007 ? Finie la crainte russe de voir un dispositif américain à ses frontières ? Peut-être. Barack Obama a en tout cas tenté de montrer à la Russie que son nouveau plan n’a pas pour but de l’effrayer. Mais la différence réside dans le langage utilisé : Bush n’a jamais conçu son propre plan comme antirusse, mais ses sous-entendus et autres déclarations ont provoqué l’ire de la Russie. Avec Obama, ce temps semble révolu. Peut-être que la nouvelle localisation du bouclier (l’Est de la Méditerranée), et non plus dans d’anciens PECO, a aidé à cela.

Néanmoins, la Russie n’est évidemment pas prête à rejoindre l’OTAN d’un seul coup. Les Américains doivent avant tout mettre carte sur table. Mais la Russie a certainement compris qu’il existait des menaces (réelles cette fois) pour les Etats-Unis dans la région. Nul besoin de compliquer les relations avec la Russie quand on connait les difficultés américaines dans le bourbier afghan. Attention aussi à une union « de façade ». Obama et Medvedev sont sous pression, s’ils veulent espérer être réélus dans deux ans. Ils ont besoin de résultats concrets, et vite. A moins que les intérêts particuliers ne reprennent le dessus (ce qui serait dans la droite ligne des dernières années, notamment du côté russe et de sa politique étrangère plutôt anti-américaine), mettant fin à toute possibilité d’un accord qui aurait pu être historique. Imaginer la Russie dans l’OTAN serait en effet un paradoxe historique (il suffit de regarder le passé soviétique pour s’en convaincre), mais tellement nécessaire actuellement, pour les deux parties, dans ce monde multipolaire.

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