La Grèce en fossoyeuse de l’euro ?
La tension sociale en Grèce a atteint aujourd’hui un sommet : des dizaines de milliers de manifestants grecs ont manifesté leur mécontentement devant le Parlement athénien dans ce qui ressemble à la plus forte contestation sociale dans le pays depuis plusieurs décennies. Dans le même temps, et pour la troisième fois depuis le début de l’année, les syndicats grecs avaient appelé à une grève générale de 24h pour protester contre les mesures prises par le gouvernement pour rétablir la situation économique et financière du pays via des mesures d’austérité. Mais si les autorités ont tenté d’éparpiller les manifestants, elles n’ont pas réussi à mettre fin au rassemblement place Syntagma. La grogne a encore gagné en puissance à cause des mesures de rigueur que prévoit de mettre en place le gouvernement grec.
Il faut dire que l’avenir grec est suspendu aux volontés de ses créanciers. L’agence Standard & Poor’s a d’ailleurs abaissé la note de la Grèce au niveau CCC, soit le niveau le plus bas existant. L’agence Moody’s a également descendu de trois crans le niveau de confiance de la Grèce récemment, et envisage de le descendre une nouvelle fois. Et les principaux créanciers de la Grèce, que sont l’UE et le FMI, n’en finissent plus d’exiger des mesures d’austérité pour assainir les finances publiques. Georges Papandréou, à la tête du gouvernement socialiste actuel, a d’ailleurs annoncé un projet de budget visant à réaliser plus de 28 milliards d’euros d’économies d’ici 2015. A l’heure actuelle, et depuis le prêt accordé conjointement par l’UE et le FMI de 110 milliards d’euros l’année dernière, 53 milliards ont été versés. Or, la cinquième tranche de ce prêt semble soumise à la validation du projet de budget actuellement débattu.
En France, la situation est également tendue pour les banques ayant accordé beaucoup de prêts à la Grèce : c’est notamment le cas de BNP Paribas, Société Générale et du Crédit Agricole. Mais les banques allemandes auraient près de 50% de prêts en plus que les banques françaises en Grèce. Cette situation peut-elle affaiblir l’euro ? Autant la pression continue d’augmenter, autant la Grèce, le Portugal et l’Irlande ne contribue que pour 6% du PIB européen selon Jürgen Star, le chef économiste de la BCE.