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Un rapprochement franco-russe se dessinerait-il ?

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Le premier ministre russe Vladimir Poutine effectue aujourd’hui une visite de travail de deux jours à Paris et en profite pour inaugurer un monument aux soldats russes s’étant battus en France pendant la Première Guerre mondiale. Ainsi en 1916, quatre brigades impériales d’infanterie de 44.000 hommes ont été envoyées en France en passant par l’Extême-Orient et Djibouti, et se sont battues pour la France mais aussi pour rembourser dans le sang les emprunts russes, devenus insolvables.

Mais ce déplacement se fait aussi au lendemain de la signature d’un contrat de 1,12 milliards d’euros : l’achat par la Russie de deux frégates de commandement et porte-hélicoptère Mistral. Signés en marge du forum de Saint-Pétersbourg en présence du président russe Dmitri Medvedev et du ministre français du Commerce extérieur Pierre Lellouche, ils comprennent aussi un transfert de technologie d’une valeur de 220 millions d’euros. Le premier navire sera à 20% russe (principalement ses pièces métalliques) et le deuxième le sera à 40%. En toile de fond des négociations de ce contrat, qui durent depuis un an, il y a la relative neutralité de la Russie sur l’intervention de l’OTAN en Lybie. Visiblement, aucun des deux protagonistes ne souhaite rompre les liens qui se créent même dans le contexte exceptionnel d’une intervention massive de l’OTAN chez un ancien allié de la Russie. Le commerce bilatéral a augmenté de 31,5% en 2010 et l’Élysée mise plus que jamais sur Vladimir Poutine, en qui il voit l’homme fort de la Russie.

Cependant ce rapprochement se heurte à quelques barrières. La première est évidemment l’utilisation des ces frégates : la Russie pourrait s’en prendre plus facilement à ses voisins ou à ses dissidents comme décrit dans la deuxième partie d’un article de l’an dernier à la même époque. La deuxième est le transfert de technologie : certains des transferts effectués sont contraires aux conventions qui lient la France et l’OTAN. Et notamment celui d’un système de combat nommé Zenit 9. Enfin, si les chantiers navals de Saint-Nazaire peuvent prendre en charge la construction des frégates, les vieillissant chantiers navals russes OSK ne devraient que difficilement s’acquitter de leur part d’ici 18mois (pour le premier navire) et 36 mois pour le second. Enfin, des négociations sont en cours pour la construction d’un troisième et d’un quatrième navire, cette fois ci construits majoritairement par les russes (à 60% et à 80%) mais elles semblent très difficiles.

Ces ventes représentent les premières ventes d’armes de la France à la Russie depuis la Seconde Guerre mondiale et les premières d’un pays de l’OTAN à la Russie. Ces accords commerciaux très politiques pourront-ils mener à des accords diplomatiques ? Rien n’est moins sûr étant donné les critiques russes au sujet de l’ampleur du déploiement de moyens de l’OTAN en Libye et des récentes bavures occidentales.

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