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God save the Kingdom ?

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C’est une avalanche de mauvaises nouvelles qui a déferlé sur le Royaume-Uni cette semaine à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, le tout dans un contexte de crise. Entre les conséquences de la crise européenne sur son économie, les plans drastiques de réduction des déficits publics et les réactions qu’ils entraînent, et les tensions avec Téhéran, le flegme britannique va de nouveau être mis à rude épreuve.

Le premier ministre conservateur David Cameron l’a lui-même reconnu devant un parterre de chefs d’entreprises, réduire le déficit budgétaire « s’est révélé plus difficile que quiconque aurait pu l’imaginer ». Il a ainsi préparé le terrain pour le chancelier de l’échiquier George Osborne qui a annoncé une dégradation des prévisions de croissances (maintenant 0.9% de PIB) pour l’année 2011-2012. De plus, la capacité du gouvernement à éliminer le côté structurel du déficit est sérieusement mise en doute. Le gouvernement n’ignore pas non plus que son économie dépend de plus en plus des exportations, qui se font à 40% vers la zone euro, et que sa monnaie ne peut le protéger d’une crise de l’euro. Pour ce qui est des banques, les sujets de sa majesté ont des sueurs froides étant donné qu’elles sont engagées à hauteur de 350 milliards de dollars (220 milliards de livres), soit 15% du PIB, dans des obligations d’Etats européens à risque comme la Grèce, l’Irlande, l’Espagne, le Portugal et l’Italie. A cela s’ajoute le fait que le pouvoir d’achat est faible de l’autre côté de la manche et que les ménages sont déjà endettés et pris à la gorge par une inflation importante.

Dans ce contexte, l’annonce par le gouvernement de nouvelles mesures d’austérité ciblant surtout les fonctionnaires met le feu à la profession.

C’est la retraite du public qui est visée : les fonctionnaires devront augmenter leur participation de 50% (de 6% à 9%) et la pension sera basée sur une moyenne des salaires touchés plutôt que sur le dernier reçu. L’Etat prévoit la suppression de 150 000 emplois de fonctionnaires sur le premier semestre et les collectivités locales perdent un quart de leur financement.  Les fonctionnaires sont aujourd’hui descendus dans la rue pour manifester et créer ce qu’ils espèrent être la plus grande manifestation depuis janvier 1979. Le gouvernement justifie ses mesures par l’allongement de la durée de vie et le fait que le privé soit moins bien loti.

Sur le plan extérieur, avec le saccage de son ambassade, Londres semble avoir payé pour la pression que mettent les Occidentaux sur l’Iran depuis que les soupçons de l’AIEA se sont accentués. La police locale a semblé bien impuissante contre cette manifestation alors qu’elle avait montré plus de zèle contre les révolutionnaires l’an dernier. La Grande Bretagne a décrété la fermeture de l’ambassade iranienne sous 48 heures. L’inimitié historique entre ces deux pays explique en partie ces actes mais l’affaiblissement de la puissance britannique à l’intérieur  joue aussi sur son respect à l’étranger et c’est avec un pari risqué sur l’avenir marqué par des mesures d’austérité importantes que David Cameron entend reprendre la main à moyen terme.

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