L’Espagne en mauvaise posture
L’Espagne détient un triste record : pour la première fois, il y a plus de cinq millions d’espagnols au chômage, précisément 5,27 millions. Ce résultat a été qualifié d’« astronomique » par Marianno Rajoy, récemment élu chef du gouvernement.
Le taux de chômage espagnol a atteint les 22,85% de la population active selon les chiffres de l’INE (institut national de statistique espagnol), c’est le taux le plus élevé de l’UE. En 2007, il était de « seulement » 7,95%, depuis, l’Espagne a vu son taux de chômage croître de manière effrénée avec 2.7 millions d’emplois détruits, dont 55% dans le BTP. Le gouvernement, élu il y a peu, va avoir fort à faire pour contrer ce phénomène à la fois interne mais aussi lié à la crise de la zone euro.
En 2012 et 2013, l’Espagne connaîtra, selon les prévisions du FMI, des récessions respectives de 1,7% et de 0,3%. L’Union européenne tout comme le FMI ont fait part de leur vive inquiétude et ont demandé à l’Espagne d’agir sous peu. Des coupes budgétaires de 8,9 milliards d’euros et des hausses d’impôts de 6,3 milliards ont été annoncées par Marianno Rajoy. En collaboration avec les partenaires sociaux, le gouvernement va mettre en place une réforme pour tenter de contrer la constante augmentation du chômage.
Le gouvernement prévoit aussi un plan d’emploi jeune car c’est aussi là que le bât blesse, quid de l’avenir et de la nouvelle génération ?
Parmi les moins de 25 ans, 48,5% sont sans emploi, soit quasiment un jeune sur deux en capacité de travailler. Depuis la crise de 2008, les mentalités ont évolué et par la force des choses, les étudiants espagnols prolongent de plus en plus leurs études supérieures, ce qui n’était pas inscrit dans les mentalités auparavant. Ces poursuites d’études n’aboutissent que rarement à l’obtention d’un poste.
Outre le chômage, la précarité de l’emploi est très préoccupante : près d’un tiers d’actifs ont un emploi précaire. Cela montre l’étiolement d’un secteur de l’emploi malade. Le SMI (salaire minimum interprofessionnel) équivalent du SMIC français s’élève à 641€ mensuels, un des plus faibles de la zone euro. Toute une génération de diplômés, de bac+3 à bac+5, a d’ailleurs été affublée du surnom de mileuristas (qui ne gagne pas plus de 1000€ / mois). Il existe donc beaucoup de travailleurs pauvres mais aussi de nombreux chômeurs de long terme. El País révèle que la majorité des chômeurs recherchent un emploi depuis plus d’un an. Cela montre les difficultés rencontrées par les espagnols qui voient se dresser face à eux le mur du chômage devenu infranchissable.
L’Espagne est assaillie par des problèmes économiques et sociaux, à la fois internes et externes (crise de la zone euro), qu’elle doit tenter d’apaiser mais qui ne pourront être complétement résolus sans d’énormes sacrifices effectués sur du long terme.