Russie et espaces post-soviétiques

Bons baisers de Russie : un rapprochement durable avec l’Occident ?

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Décidément, la diplomatie russe séduit. Pour preuve, on ne refuse plus rien à la Russie. Avant déjà que la planète football ne cède au charme slave et accorde au pays l’organisation de la Coupe du monde 2018, l’OTAN engageait lors du Sommet de Lisbonne un rapprochement avec son ennemi d’antan et l’Union Européenne levait les boucliers concernant l’entrée du pays à l’OMC. Dans son entourage proche aussi, la Russie jouit aujourd’hui d’un soutien qui n’a jamais été égalé depuis la chute de l’URSS. L’élection du président russophile ukrainien Viktor Ianoukovytch en 2010 a mis fin à cinq ans de conflits diplomatiques avec le gouvernement de son prédécesseur Viktor Iouchtchenko. Plus récemment, la visite officielle de Medvedev en Pologne et la reconnaissance de la responsabilité de Staline dans le massacre de 20 000 officiers polonais à Kalyn en 1940 pourrait contribuer à réchauffer significativement les relations entre les deux pays.

Cette embellie du climat entre la Russie et l’Occident dépend très fortement de la conjoncture internationale. L’élection d’Obama d’abord, qui permit aux Etats-Unis de rompre avec le manichéisme maladroit de George Bush, puis le nouveau départ voulu par le président américain ont contribué à tourner la page sur une époque de méfiance marquée par l’intervention militaire russe en Géorgie et la volonté républicaine d’encercler la Russie par un bouclier anti-missiles. En Europe, l’Allemagne, soucieuse de ne pas laisser s’échapper le centre de gravité de l’UE vers la Méditerranée, n’a pas cessé depuis quelques années de pousser constamment les pays européens à se tourner vers l’Est.

Devant tant de portes ouvertes, la Russie a décidé de jouer le jeu de la coopération, mais on ne sait guère pour combien de temps encore, car cet équilibre reste tout de même précaire. La récente victoire électorale républicaine aux Etats-Unis pourrait mettre à mal tous les efforts consentis par Obama ces deux dernières années. On peut aujourd’hui sérieusement douter que le Sénat à majorité républicaine ratifie le nouveau traité sur la réduction des armes stratégiques (START), qui constituait pourtant la pierre angulaire de la nouvelle diplomatie américaine pro-slave. Si jamais cela devait être le cas, Poutine a déjà menacé de relancer la course aux armements, car sur l’autre rive, la Russie reste malgré les apparences le pays d’un premier ministre, ex-président, qui n’a jamais caché son envie de redonner à son pays sa grandeur passée, quitte à contester de nouveau l’influence des puissances occidentales.

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