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“Conflits des Yémens” : 1967-1990 : catalyseurs de la guerre froide au Proche-Orient

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Instabilité des frontières des différents Etats Yéménites jusqu’à la réunification en mai 1990.

Le Yémen du Sud est un État fondé en 1967 et disparu en 1990 avec la République arabe du Yémen (Yémen du Nord), constitué de la partie sud (en fait plutôt sud-est, voire est) de l’actuel Yémen. Il était l’unique état communiste du monde arabe. Le Front de libération de l’occupation du Yémen du Sud (FLOYS) et le Front de libération nationale (FLN du Yémen) soutenu par les forces armées égyptiennes de Nasser (allié militaire de l’URSS) engagent une lutte de libération nationale contre les Britanniques qui dominent Aden et le Yémen Sud depuis la seconde moitié du XIXème siècle.

Le 30 novembre 1967 est proclamée l’indépendance de la République populaire du Yémen du Sud avec à sa tête le FLNY.
En juin 1969, la branche marxiste du FLN, financée par l’URSS, prend le pouvoir. Le 1er décembre 1970, elle modifie le nom officiel du pays en République démocratique populaire du Yémen. Tous les partis politiques présents fusionnent pour former le Parti socialiste yéménite, désormais seul parti légal du Yémen du Sud. Le pays tisse des liens avec l’URSS, Cuba et la République populaire de Chine, qui lui fournissent d’importantes aides financières (principalement soviétiques). La Laïcité d’Etat imposée par le communisme provoque alors l’exode massif des musulmans Yéménites vers le Nord du pays, des chrétiens vers l’Europe et des juifs vers le jeune état d’Israël.

La République démocratique populaire du Yémen se trouve affaiblie par des divisions internes et une baisse de l’aide soviétique. Les Etats-Unis la mobilisant sur de nombreux fronts, elle envisage alors une réunification avec sa voisine du Nord, la
République arabe du Yémen. L’instabilité politique qui se traduit par de multiples coups d’État retarde les négociations, tant à Aden qu’à Sanaa. La tension est à son comble en 1979 lorsque la guerre éclate entre les deux États, dans le contexte de la Guerre froide (le Yémen du Nord étant considéré comme pro-occidental, tandis que le Yémen du Sud semble s’aligner sur le bloc soviétique) ; le conflit ne dépendant pas de la volonté propre des belligérants yéménites mais des intérêts dans la région des deux Blocs et de l’instrumentalisation des deux Etats comme facteur de déstabilisation et donc de domination de la région. Lors d’une rencontre au Koweït en mars 1979, les deux chefs d’État réaffirment leur volonté d’unification mais la méfiance reste trop forte pour que celle-ci aboutisse rapidement. L’influence de la Guerre Froide gèle les relations entre les deux pays.

En mai 1988, les négociations reprennent pour la réunification du pays. Le 22 mai 1990, la fin du régime soviétique étant en marche et les démocraties occidentales ayant généralement vaincu le communisme, la République démocratique populaire du Yémen (Yémen-Sud) est fondue dans la République arabe du Yémen (Yémen-Nord) : la République du Yémen est déclarée. C’est l’ex-président du Yémen Nord, Ali Abdullah Saleh, qui devient alors président de la République du Yémen.
Du 21 mai au 7 juillet 1994, le Yémen du Sud a vainement tenté de faire sécession sous le nom de « République démocratique du Yémen », avant de retomber sous le contrôle du gouvernement de Sanaa (Yémen du Nord).

Le Yémen, petit Etat proche de l’Arabie Saoudite, cristallisa les tensions de la Guerre Froide dans la région de Proche-Orient. Il est aujourd’hui au centre des conflits entre les grandes puissances chiites et sunnites ; son territoire présente des ressources géopolitiques et géo-économiques majeures. Depuis cinquante ans, la compréhension des conflits, des influences extérieures, qui rythment la région passe en partie par l’observation de ce petit Etat. Il est le microcosme d’un territoire aux profondes dissensions culturelles, religieuses et ethniques et de la difficulté à maintenir des frontières stables et l’intégrité d’un Etat entière.

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