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Saad Hariri en Arabie saoudite : vers l’apaisement ?

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Le Premier ministre libanais Saad Hariri s’est rendu en Arabie saoudite pour la première fois depuis la crise de novembre 2017. L’homme politique libanais, vraisemblablement contraint, avait présenté sa démission depuis Riyad le 4 novembre dernier. Le Liban et l’Arabie saoudite semblent avoir dépassé cet épisode houleux qui avait suscité de vives réactions internationales.

Le « feuilleton » Hariri

Saad Hariri s'est rendu à Riyad le 28 février.
Carte de l’Arabie saoudite.

Il y a quatre mois,  Saad Hariri, en visite diplomatique à Riyad, avait annoncé sa démission du poste de Premier ministre. Une démission surprise expliquée alors par la « mainmise » de l’Iran sur la politique libanaise. L’Iran était accusé d’influencer les affaires intérieures libanaises par le biais du Hezbollah. Le « parti de Dieu » faisait pourtant partie de la coalition au pouvoir depuis décembre 2016 dans le gouvernement d’union nationale dirigé par Saad Hariri. Face à cette démission suspecte, l’opinion publique libanaise s’était révoltée ; non pas contre l’influence iranienne, mais contre l’ingérence maladroite du nouveau dirigeant saoudien Mohamed Ben Salmane (MBS). Cet événement constituait une nouvelle escalade dans la lutte d’influence régionale entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Après une médiation menée par l’Égypte et la France, le pays du Cèdre avait finalement retrouvé son Premier ministre. 

Le retour de Saad Hariri à Riyad, plusieurs mois après cette crise, n’est pas désintéressé puisque le Liban se prépare à plusieurs réunions internationales importantes. Deux sommets (Rome II et Paris IV) se tiendront dans les prochaines semaines, respectivement en soutien à la sécurité et l’armée libanaise et à l’économie du pays. Ces deux échéances s’achèveront par une réunion, à Bruxelles, sur les Etats accueillant les réfugiés syriens. Le Liban est l’un des pays qui accueille le plus de réfugiés : ils étaient entre 1 et 1,5 million sur le territoire fin 2017. Enfin, Saad Hariri cherche des soutiens en vue des prochaines élections législatives qui se tiendront en mai 2018. Le Premier ministre espère être reconduit.

L’échec de la stratégie étrangère saoudienne

La visite de Saad Hariri à Riyad témoigne par ailleurs de la volonté saoudienne d’apaiser les relations avec ses voisins et alliés régionaux. Le royaume du dirigeant réformateur « MBS » se trouve aujourd’hui dans une impasse. Sur le plan intérieur, le régime saoudien tente de moderniser le pays par de grandes réformes sociales et économiques (diversification de l’économie, droit de conduire des femmes, etc). Cependant, la politique étrangère « choc » menée par MBS ne porte pas ses fruits. Outre l’échec libanais, l’Arabie saoudite se confronte aujourd’hui à un enlisement du conflit au Yémen ainsi qu’à une inefficacité de ses mesures d’isolement envers le Qatar. Le royaume wahhabite peine également à contenir l’expansion de l’influence iranienne dans la région dans l’après conflit syrien. Même les États-Unis, alliés de longue date, semblent faire fi des préoccupations saoudiennes sur l’épineuse question palestinienne. Donald Trump a ainsi reconnu unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre dernier.

Ainsi, le retour au calme dans les relations entre le Liban et l’Arabie saoudite n’est pas étranger à l’impasse de la stratégie de la pétromonarchie dans sa politique régionale. Le souffle réformateur du jeune MBS ne suffit plus à conserver l’influence régionale. Les victoires diplomatiques sont rares tandis que l’Iran multiplie les avancées en Syrie, en Irak et au Liban. Ce dernier semble pourtant chercher le soutien de la puissance saoudienne pour les échéances politiques à venir. 

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