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Le PKK, l’épine dans le pied d’Erdogan

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Des attaques sont à prévoir dans toutes les villes de Turquie si le gouvernement continue d’utiliser l’armée, a déclaré samedi 19 juin Ahmed Denis, responsable des relations extérieurs du PKK, dans le Nord de l’Irak. Cette déclaration fait suite au bombardement, le même jour, des positions kurdes dans le Nord de l’Irak par l’armée turque ayant fait douze victimes rebelles, ce qui est en réalité une riposte à l’attaque d’un poste militaire à la frontière entre la Turquie et l’Irak à l’extrême Sud-Est de la Turquie dans la nuit de vendredi à samedi ayant causé huit morts et quatorze blessés parmi les soldats turcs. Cela confirme les dires du général Fahri Kir qui a expliqué vendredi devant la presse s’attendre à une intensification des combats.

Les attaques auraient, selon le Premier ministre Erdogan, torpillé les processus d’intégration de la communauté kurde au reste du pays, processus visant à renforcer les droits des kurdes et à développer les investissements dans leur région, le Sud-Est anatolien, pour mettre un terme au conflit qui perdure depuis 1984. Il n’en demeure pas moins que le principal parti pro-kurde de Turquie a été interdit, que le pays a connu plusieurs vagues d’arrestations de militants kurdes, que les violences dans le Sud-Est persistent et que les nationalistes continuent de s’opposer à cette intégration. L’annonce, le mois dernier, par le chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, indiquant qu’il abandonnait ses efforts pour un dialogue avec Ankara n’a pas arrangé les choses. Des centaines de militants kurdes ont été arrêtés depuis l’an dernier dans le cadre d’une enquête sur les soutiens du PKK . Le conflit aurait fait près de 45 000 morts depuis son déclenchement selon l’armée, et le PKK est une organisation terroriste selon la Turquie, les Etats-Unis, l’Union Européenne, l’Iran et bien d’autres .

La reprise des violences est une bien mauvaise nouvelle pour Erdogan qui, en ce moment même, tente d’imposer son projet de Nouvelle Constantinople au Moyen-Orient. La Turquie tente, en effet, de se replacer au centre des débats dans la région en offrant, par exemple, son aide à l’Iran pour le traitement de son uranium ou en se plaçant au centre du conflit israélo-palestinien avec la récente affaire de la « flottille de la paix ». Les ambassadeurs turcs sillonnent la région pour renforcer les liens avec les pays voisins et ce conflit permanent avec une minorité de sa population est un handicap sérieux. D’autant plus que les Kurdes possèdent leur propre territoire indépendant en Irak, ce qui n’empêche pas l’armée turque d’y lancer régulièrement des incursions avec le soutient de l’Iran. Cette instabilité permanente rappelle douloureusement le précédent tchétchène avec la Russie. Etant donné l’état de la région actuellement, on ne peut que craindre que la situation s’envenime jusqu’au bain de sang, plaçant la Turquie définitivement hors de tout espoir d’adhésion à l’Union Européenne. Si la Turquie veut affirmer sa position sur la région, elle devra se couper de son premier partenaire et, peut-être, être placée au ban des nations.

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