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La révolution de jasmin n’est pas morte. Vive la révolution.

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Il est difficile de ne pas céder aux chants des sirènes. Les apôtres de la décadence, de l’apocalypse, de l’explosion cataclysmique ont uni, depuis quelques mois, leur voix à celles des sempiternelles Cassandre du Choc des civilisations sur le cas préoccupant de la révolution de Jasmin. Il est vrai que le diagnostic est inquiétant : à la révolution 2.0, démocratique, ont succédé la reprise en main militariste en Egypte et le déferlement des islamistes du Maroc à la Lybie, en passant par la Tunisie. La pensée libérale, occidentale et égalitariste des uns est étouffée dans les interprétations islamistes des constitutions en rédaction. Tout semble figé. Pourtant, tout change.

Sur les braises brûlantes de la révolution souffle toujours un vent de liberté. Les inégalités sont loin de disparaître et les pouvoirs en place, islamistes, ne parviennent à les réduire. Déconsidérés, ils assistent au renforcement du poids électoral des partis laïques, de gauche ou centre-gauche. Les laïcards demandent des réformes, des gages pour protéger leur révolution. Révolution sur laquelle les islamistes ont assis leur légitimité. Sur leur aile droite, les islamistes radicaux raidissent leur position et manifestent, parfois avec violence, pour saborder le pouvoir. En voulant substituer leur drapeau noir et blanc aux drapeaux nationaux, les salafistes menacent ainsi le pouvoir des Frères musulmans en Egypte et d’Ennahda en Tunisie. La contestation gronde. Les islamo-conservateurs s’apprêtent à négocier, à accepter le jeu démocratique pour éviter les islamistes radicaux. Le dialogue renaît sous la pression populaire. La révolution n’est pas morte.

En Syrie, les marches militaires recouvrent les râles des derniers résistants. Personne n’était dupe : le plan Annan était voué à l’échec. Le cessez-le-feu a ravivé la flamme de la rancœur. Assad voulait gagner du temps, garder le soutien de la Chine et de la Russie en acceptant ce plan. Le bafouer en quelques heures, avec tant de violence agacera probablement Pékin et Moscou, capitales ridiculisées par leur non-influence. La diplomatie occidentale a marqué un point. Certes les révoltes locales portent en elles le germe d’une guerre religieuse régionale, entre chiites d’un côté et sunnites de l’autre. Mais le sang tarde à sécher en Syrie. Et une telle répression ne peut que laisser des traces. La révolution n’est pas morte. Vive la révolution!

Enfin se réunissait aujourd’hui en Turquie la horde diplomatique moyen-orientale autour d’un sujet atomique : les ambitions nucléaires iraniennes. Il est trop tôt pour en tirer des conclusions mais l’ouverture du dialogue prouve que Téhéran a besoin de temps. Les sanctions économiques infligées au régime depuis des années portent leur fruit. L’inflation est terrible, la population se paupérise et réclame des réformes. Le régime d’Ahmadinejad a baissé les bras et revient sur ses positions. Ainsi entre le président et l’ayatollah  s’immobilise une foule résignée mais en ébullition. En 2009, ils avaient lancé la révolution arabe. Comme un boomerang, la révolution de jasmin est aujourd’hui aux frontières de Téhéran. Si la Syrie tombe, Téhéran devra faire face à des heures sombres, révolutionnaires, sanglantes mais desquelles émergera peut-être la lumière démocratique.

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