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Le conflit irako-iranien : 1980 – 1988

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Le conflit irako-iranien aura fait près d'un million de morts
Le conflit irako-iranien aura fait près d’un million de morts

En période de guerre froide, le conflit irako-iranien apparaît extrêmement complexe par les enjeux et les relations diplomatiques qui le caractérisent. Revenons un instant sur les principales raisons de cette guerre. Elles sont d’abord territoriales ; Iran et Irak revendiquent la possession du Chott-el-Arab, rivière à la confluence du Tigre et de l’Euphrate qui constitue une frontière politique, historique et culturelle entre les empires perse et ottoman ainsi qu’une voie d’eau essentielle pour les échanges internationaux de pétrole. Le Khouzistan, peuplé d’arabophones et rattaché à l’Iran sous l’empire ottoman est revendiqué par l’Irak. En 1980, Saddam Hussein, pensant que l’Iran est affaibli par sa révolution, envahit le territoire iranien dans le but d’obtenir un déplacement de la frontière sur la rive Est du Chott-el-Arab et d’annexer l’Arabistan-Khouzistan. La Syrie soutient l’Iran qui souhaite destituer Saddam et le remplacer par un gouvernement islamique en comptant sur l’appui des Iraniens chiites.

Le conflit est interminable. En 1982, les troupes iraniennes pénètrent en Irak. En 1984, l’Irak commence à bombarder les pétroliers et les terminaux iraniens. En 1986, les Iraniens arrivent aux portes de Bassora. L’offensive irakienne de 1988 permet la reconquête des territoires occupés depuis 1982. La même année, un cessez-le-feu est déclaré sous l’égide de l’ONU. Les grandes puissances, quand à elles, ne sont pas intervenues directement dans le conflit mais ont accordé un appui matériel aux belligérants en fonction de leurs intérêts. L’affaire de l’Irangate  révèle la vente secrète d’armes à l’Iran par les Etats-Unis, alors que la France et Moscou soutiennent Bagdad. Israël apporte son soutien à l’Iran pour affaiblir son voisin arabe.

Pour les deux pays en guerre, le bilan matériel et humain est très lourd (plus d’un million de morts en tout selon la plupart des estimations). En Iran, au-delà des dommages économiques irréversibles, du potentiel pétrolier durablement touché, on dénombre officiellement près de 230 000 morts. L’Irak a pu bénéficier d’une augmentation de son potentiel pétrolier mais au pris d’un endettement considérable. Saddam se considère victorieux et cherche à tirer profit de sa « non-défaite »… au prix d’une détérioration des relations avec ses voisins arabes du Golfe. Il s’estime en effet mal-considéré par ces derniers et refuse de payer seul la facture de la guerre ; il demande donc un moratoire pour ses dettes et milite pour une augmentation des prix du pétrole au sein de l’OPEP, s’opposant ainsi à l’Arabie Saoudite et au Koweït. En août 1990, l’Irak envahit le Koweït dont les frontières avaient toujours été contestées par Bagdad…

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