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Décolonisations africaines, entre conflits directs et paix négociées (1/2)

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Au contraire des décolonisations asiatiques, extrêmement réduites dans le temps, les indépendances africaines sont issues de revendications successives, tout d’abord niées par la puissance colonisatrice, puis qui ont pu déboucher, dans une majeure partie des cas, sur un conflit direct.

La révolte des Mau-Mau au Kenya restera l'une des rares décolonisations sanglantes du continent africain
La révolte des Mau-Mau au Kenya restera l’une des rares décolonisations sanglantes du continent africain

Il faut prendre garde à ne pas homogénéiser les processus de décolonisation en Afrique. Les situations au Nord du continent, que nous décrirons plus loin, diffèrent pour la plupart de celles entrevues au Sud du Sahara. Ces dernières découlent en partie de l’ouverture forcée faite par les puissances colonisatrices en Asie et même en Afrique du Nord mais répondent pour la plupart à des exigences internes.

Ainsi, en Afrique francophone, peu de revendications émergent avant la fin des années 1950, mis à part à Madagascar en 1947, où une révolte populaire est fermement réprimée. Néanmoins, le contexte indochinois puis algérien, très coûteux financièrement et humainement pour la France, force les autorités à initier une nouvelle stratégie. Au lieu de nier les revendications locales, il s’agit de les anticiper. Ainsi, en 1956, la loi-cadre Defferre procure une autonomie notable aux colonies françaises d’Afrique noire, sans que cela ne soit réellement issu de demandes locales fortes. En 1960, toutes les colonies accèdent à l’indépendance, en contrepartie d’une coopération renforcée au sein de la « Communauté Française », instaurée dès 1958 et remplaçant l’Union française. Les pays anglophones suivent quasiment la même tendance. Le Commonwealth s’élargit au fur et à mesure des autonomies accordées par Londres, d’abord au Ghana (Gold Coast à l’époque), puis au Nigeria et en Afrique de l’est.

C’est plus au Sud que les indépendances dégénèrent. Au Kenya, les rebelles Mau-Mau s’insurgent contre le refus britannique de rétrocéder les plantations coloniales aux paysans locaux. Il s’agit d’un véritable mouvement insurrectionnel au milieu des années 1950, obligeant l’armée britannique à agir mais à céder face à la vague anticolonialiste en abandonnant le Kenya en 1963 au leader de la rébellion, Jomo Kenyatta. Plus au centre, c’est le Congo belge qui fait l’objet des mêmes tensions, notamment au Katanga très riche en matières premières. Il s’agit ici d’une guerre postindépendance, la Belgique n’ayant pas senti le conflit ethnique larvé depuis plusieurs années. Quant la Belgique se retire, le Congo belge est laisse à son propre sort. Enfin, dans les colonies portugaises, l’importance de l’Angola et du Mozambique pour la politique du dirigeant portugais Salazar l’oblige à mener une guerre directe dans ses propres colonies. Mais dans un pays aux abois en raison de la crise économique, cette guerre passe mal et contribue au renversement plus connu sous le terme de Révolution des œillets en 1974. La transition démocratique profite directement à l’Angola et au Mozambique, indépendants tardivement en 1975.

Cette vague d’indépendance, venue du Nord du continent s’achève tout au Sud avec les indépendances très tardives du Zimbabwe (ex-Rhodésie) en 1980 et de la Namibie en 1990. Un peu plus de trois décennies pour mettre fin à des siècles de domination étrangère. Avant de basculer vers une recolonisation ?

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