Qu’est ce que le G8?
Le problème du G8 est que son nombre est variable : de 5 en 1974, il n’est plus que de 7 en 2014 après l’exclusion de la Russie post-annexion de la Crimée. Toujours est-il que le G8 est une réunion annuelle entre huit des neufs pays parmi les plus grandes puissances économiques du Monde : États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Russie.
Sous le feu de la rampe depuis le début de la crise financière, l’institution est la cible des critiques et se voit même concurrencée par d’autres sommets comme celui des BRICS, dont le premier s’est tenu en 2009. Pourtant, le G8 demeure une instance décisionnaire capitale et assez active, justement en temps de crise où les tendances « oligarchiques » (Badie) de gouvernance internationale s’accroissent. Il est ainsi intéressant de se rappeler que l’ancêtre du G8, le G5 (Etats-Unis, France, Allemagne, Japon, Royaume-Uni) a été réuni pour la première fois à Rambouillet en 1974 sous l’impulsion du couple Valéry Giscard d’Estaing-Helmut Schmidt dans l’optique de coordonner la réponse des pays industrialisés à la crise économique de 1974. En 1976, le groupe s’élargie au Canada et à l’Italie avant d’accueillir le président de la Commission européenne puis du Conseil européen. En 1997, la Russie y fait son entrée et en ressort 17 ans plus tard.
La souplesse de l’organisation lui confère une efficacité tranchant avec la lenteur des décisions des grandes organisations internationales. La présidence du G8 est tournante et les thèmes abordés ne cessent de s’élargir. De grandes décisions se conclurent en son sein : les accords du Plazza sur la baisse du dollar en 1985, des accords sur la gouvernance mondiale (condamnation de l’intervention soviétique en Afghanistan en 1980). Certaines formations spécialisées travaillent à temps plein sur des questions transversales permettant un dialogue continu entre les membres du groupe (crime organisé, terrorisme, affaires étrangères, finances). Par cette interface de dialogue informel, des avancées considérables ont été permises : les Etats-Unis ont reconnu le réchauffement climatique en 2005 ; en 2009, les pays s’accordèrent sur la lutte contre les paradis fiscaux.
Toutefois, le G8 est une institution critiquée puisqu’elle ne représente qu’un « club de riches » : le G8 c’est 15% de la population mondiale s’accaparant 65% du PIB. Au nom de quelle légitimité, du reste, une réunion de pays riches s’arroge-t-elle le droit de présider à la destinée de la communauté internationale ? C’est ce que dénoncent les manifestations altermondialistes autour des sommets, qui engendrent ainsi des coûts faramineux d’organisation pour 2 ou 3 jours de réunion (près de 100M€ pour celui de Deauville). Le G8 est d’ailleurs la cible d’attaques des BRICS qui organisent chaque année un sommet semblant plus productif et efficace que le G8 : création d’une banque d’investissement, développement durable, …
Pourquoi ne pas élargir le G8 ? C’est une piste envisagée : en 2005, Brésil, Inde, Chine, Mexique et Afrique du Sud furent invités. En 2008 se tint même un G20 à Washington sur la crise financière. Toutefois, les réunions du G20 manquent d’ambition. L’évolution la plus probable demeure la transformation en une ligue des démocraties développées contre les émergents … au risque de renforcer une dyarchie mondiale.