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Le Golfe de Guinée face à l’enjeu sécuritaire

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Ce mercredi 27 avril 2016, le Bureau Maritime International (BMI) publiait un rapport dans lequel il annonçait la baisse des actes de piraterie en haute mer dans le monde. Cette annonce ne concernait pas le Golfe de Guinée en proie à des attaques en augmentation après pourtant plusieurs années consécutives de baisse.

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Une économie tournée vers la Mer

Si l’on considère le Golfe de Guinée dans son acception la plus restreinte (celle qui va de la Côte d’Ivoire au Congo), on constate que sur les dix pays composant l’espace étudié, cinq ont des capitales politiques à façade maritime (Accra, Lomé, Libreville, Malabo et Sao-tomé), huit ont des capitales économiques maritimes (Abidjan, Accra, Lomé, Cotonou, Lagos, Douala, Bata et Pointe-Noire). À cela il faut ajouter des ports parmi les plus importants de la zone (Abidjan, Accra, Lagos, Warri, etc…). Dans ces conditions, la question sécuritaire occupe une place singulière dans la région.

Un espace convoité

En 2011, le Golfe de Guinée représentait la première région de production pétrolière africaine avec 8% des réserves mondiales et des réserves prouvées de 24 milliards de barils en 2014. Parmi les plus gros producteurs, on compte le Gabon, la Guinée Equatoriale ou encore le Ghana, tous loin derrière le Nigéria (productions chiffrées sur la carte). Essentiellement effectués en off-shore, la production comme l’acheminement par les routes d’exportation sont directement menacés par les actes de piraterie dans la région. La présence française dans le Golfe de Guinée, symbolisée par l’opération Corymbe (initiée en 1990) vise donc en grande partie la sécurisation de ses routes d’approvisionnement en hydrocarbures. Les autres puissances étrangères ne s’y trompent d’ailleurs pas, puisque les investissements dans la région à l’horizon 2020 sont estimés à 50 milliards de dollars. Cette manne pétrolière avérée ou potentielle n’est pas sans créer des tensions dans la région. On peut par exemple citer le conflit opposant le Gabon et la Guinée Equatoriale et portant sur trois îles désertes dont le contrôle pourrait s’avérer déterminant pour l’exploitation des ressources marines. La pêche constitue le second domaine fortement impacté avec le pétrole. Forte d’une capacité productive annuelle de 600 000 tonnes, la région est directement confrontée à la pêche illicite dont la pratique correspondrait à une perte annuelle d’environ un million de dollars pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne.

Les tentatives de réponse régionale

Face à ces menaces, les Etats riverains tentent d’adopter des stratégies conjointes. Aussi bien les pays de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) que ceux de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont ainsi mis en place des systèmes de surveillance partagée de leurs espaces maritimes. Parmi les initiatives les plus abouties, on peut relever la création d’un Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC), installé à Pointe-Noire au Congo-Brazzaville et celle d’un Centre interrégional de coordination (CIC) à Yaoundé au Cameroun en juin 2013. La configuration  institutionnelle bicéphale qui prévaut dans le Golfe de Guinée (partage entre CEEAC et CEDEAO) rend cependant complexe l’harmonisation de la réponse sécuritaire.

Le Conseil de Sécurité de l’ONU, réuni cette semaine pour traiter la question, a réaffirmé par la voix de M. Zerihoun, sous-Secrétaire général des Nations Unies aux affaires politiques, que « les initiatives visant à s’occuper du développement socio-économique et à affronter le manque d’emplois sont également nécessaires pour fournir des perspectives aux populations marginalisées qui peuvent être impliquées dans des activités de piraterie, notamment les jeunes ». Par là il rappelait qu’une authentique coopération régionale impliquait de s’attaquer aux causes profondes et pas seulement aux effets du problème.

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