Organisation et action de la CIA
La CIA (Central Intelligence Agency) est une agence de renseignement américaine fondée en 1947 par un décret du président américain Harry S. Truman. Son siège est à Langley dans l’État de Virginie. Son budget est tenu secret mais selon les informations du lanceur d’alertes (ancien employé de l’agence) Edward Snowden, le budget de la CIA serait en 2012 de $15,3 milliards. Toujours selon les mêmes informations le budget intégral du NIP (National Intelligence Program) était de $53,8 milliards en 2012. En France, le budget entier du ministère de la défense est de seulement €50 milliards et le budget de la DGSE, l’équivalent de la CIA de €644 millions. Le MI-6, l’équivalent anglais possédait un budget de £2,3 milliards en 2010-2011.
Le but premier de la CIA est de fournir des informations aux dirigeants américains sur la sécurité nationale et les risques internationaux. L’agence est divisée en 5 départements : Directorate of Operations, Directorate of Analysis, Directorate of Science and Technology, Directorate of Support and Directorate of Digital Innovation.
L’influence de la CIA pendant la guerre froide
La CIA a été créée dans l’optique d’endiguer l’avancée du pouvoir communiste en Europe, finançant par exemple la Démocratie Chrétienne en Italie pour rendre minoritaire les communistes italiens au parlement. Mais, si ces opérations de financement ont perduré pendant un temps, ce sont sur d’autres terrains que la CIA va démontrer son réel pouvoir. En effet entre le début des années 1950 jusqu’à la moitié des années 1970, la CIA va participer activement (financement, fourniture d’armes, etc) à la chute d’au moins 7 dirigeants d’États du Moyen-Orient, d’Afrique ou d’Amérique Centrale. Mohamed Mossadegh en Iran (1953) ; Jacobo Arbenz au Guatemala (1954) ; Patrice Lumumba au Congo-Kinshasa (1960) ; Rafael Trujillo en République Dominiquaine (1961) ; Ngo Dinh Diem au Sud-Vietnam (1963) ; Castello Branco au Brésil (1964) et finalement Salvador Allende au Chili en 1973 qui laissera la place au dictateur Pinochet. Nombre des régimes qui ont suivi ces coups d’États ont emprisonné et exécuté leurs opposants politiques quand ils n’ont pas commis des exactions sur les populations civiles.
Mais si ces actions sont souvent mises en avant, d’autres opérations seront moins connues du grand public comme l’échec d’un coup d’état en Syrie dans les années 1950 ou le financement de groupes armées. L’exemple le plus connu est le financement des moudjahidines (Opération Cyclone) par la CIA dans les années 1980 pour s’opposer aux troupes soviétiques en Afghanistan. Cela aura pour conséquence de fragiliser l’URSS dont l’économie menaçait la pérennité du régime. Oussama Ben Laden fera parti des combattants ayant bénéficié de l’aide américaine et une partie des soldats financés par la CIA rejoindront plus tard les talibans.
La CIA a en effet souvent semé elle-même les graines de problèmes actuels. Eisenhower en septembre 1957 lors d’une réunion avec le secrétaire d’État, John Foster Dulles et un officiel de la CIA déclarait : « We should do everything possible to stress the ‘holy war’ aspect ». C’est dans cette optique que la CIA financera les Frères Musulmans en Syrie dans les années 1950 pour alimenter les troubles politiques ou d’autres groupes islamistes en 2009 après l’annonce de Bachar Al-Assad de refuser un projet de pipeline qatari pour défendre les intérêts de son partenaire russe. Il a également été reproché à la CIA des méthodes violentes sur ses prisonniers, notamment dans la tristement célèbre prison de Guantanamo Bay.
L’utilisation de la torture
La CIA a utilisé à partir de 2001 des « méthodes d’interrogatoires renforcées » (Enhanced interrogation technique). George W. Bush et les membres les plus importants de son gouvernement avaient autorisé ces méthodes au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. L’agence a été très critiquée pour l’usage de ces techniques non seulement horrible d’un point de vue morale mais également inefficace. En effet, un rapport de la commission du renseignement américain a pointé le fait qu’aucun acte de torture fait à la prison de Guantánamo Bay n’a pu mener à des informations pertinentes ou réellement utiles. Ces actes ont toutefois été beaucoup utilisés par les recruteurs de l’organisation État Islamique comme outil de propagande.
La CIA est donc une agence indispensable pour les opérations extérieures des États-Unis mais qui a connu beaucoup d’échecs, notamment en termes de prévision d’événements majeurs, tels la chute de l’Empire Soviétique ou des attentats du 11-septembre. La CIA a également été capable de prévoir de nombreux changements géopolitiques mondiaux et d’opérer comme fournisseur d’informations pour l’armée américaine sur une base régulière. Toujours est-il que ses pratiques et son manque d’anticipation des conséquences de ses décisions ont parfois agit comme source même de certains problèmes. Il devrait donc se poser une remise en question profonde de l’agence pour permettre une protection efficace des citoyens américains sur le long terme.