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Sanctions économiques : une arme de politique étrangère

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Les récentes sanctions internationales à l’encontre de la Russie, suite à la crise ukrainienne, s’inscrivent dans une tendance de long terme, initiée par les Etats-Unis, de prolifération de l’arme économique dans les relations internationales. Quelles sont ces sanctions économiques, quelle est leur place dans la politique étrangère et sont-elles efficaces ?

Au cœur des relations internationales, les sanctions économiques sont utilisées pour diverses raisons – décourager la prolifération d’armes de destruction massive, promouvoir les droits de l’homme, protéger l’environnement, etc. – et prennent des formes plurielles – embargos, réduction de l’aide internationale, limitation des importations et exportations, gèle de capitaux, augmentation des barrières douanières, vote dans les institutions internationales, rejet de visas, etc. Ces sanctions économiques sont utilisées comme outil de la politique étrangère et sont populaires, car elles apparaissent être une réponse proportionnée à des défis qui ne sont pas vitaux. Elles permettent une alternative non militaire à l’indifférence. Les sanctions économiques deviennent une forme d’expression, un moyen de signaler officiellement son mécontentement à l’égard d’un gouvernement étranger, sans pour autant s’investir militairement.

Si les sanctions économiques ont parfois pu prouver leur efficacité – elles auraient mis fin à l’apartheid en Afrique du Sud –, elles sont peu efficaces seules : les sanctions ont échoué à contraindre Saddam Hussein de se retirer du Koweït en 1990 avant l’Opération tempête du désert, et malgré les sanctions contre l’Iran, Téhéran est accusé de poursuivre son programme d’armes nucléaires. Les sanctions sont d’autant plus inefficaces lorsqu’elles sont unilatérales. Les Etats-Unis ont souvent tenté d’imposer de telles sanctions, et ce les entreprises américaines qui en ont payé le prix, alors même que les pays visés s’en tiraient en substituant leurs sources d’approvisionnement et de financement (Haïti, Cuba, dont la dépendance aux Etats-Unis était trop forte, sont à ce titre des exceptions).

Mais même lorsque l’on atteint un consensus de la communauté internationale, les sanctions manquent souvent leur cible, et produisent des effets indésirables, notamment sur les populations. Les craintes sont morales – les sanctions affectent des populations innocentes – et politiques – les sanctions touchent les populations qui peuvent paradoxalement se rallier au régime en place, elles nourrissent l’émigration ou retardent l’émergence d’une classe moyenne. Enfin, isoler le pays fautif des échanges internationaux n’est pas forcément souhaitable, tant l’intégration favorise un système économique, et donc politique, plus ouvert.

Les sanctions économiques, quoique fréquentes, contribuent peu à la politique étrangère des Etats-Unis ou de la communauté internationale, mais sont couteuses et peuvent s’avérer contre-productives. Certes, à premiere vue, elles semblent être une bonne alternative à l’indifférence ou à une intervention militaire, mais comme l’écrit l’Américain Richard N. Haass, dans Economic Sanctions and American Diplomacy, la politique étrangère n’est pas une « thérapie », elle ne doit pas nous faire sentir bien mais faire le bien. En somme, les sanctions sont la marque de l’échec, celui de la diplomatie, la véritable solution, la seule alternative.

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