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À défaut d’avoir le soutien de son peuple, Ben Ali a celui de la France

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Malgré le couvre-feu décrété par le tout nouveau ministre de l’Intérieur tunisien Ahmed Friaâ, les affrontements se sont poursuivis dans la capitale dans la nuit de mercredi à jeudi. Depuis la mort à Sidi Bouzid de Mohammed Bouazizi, ce vendeur ambulant qui s’était immolé dans un geste de révolte et de désespoir après que les autorités tunisiennes lui ont confisqué sa marchandise, les foules se rassemblent pour protester contre le gouvernement de Ben Ali, et déjà 66 morts sont à déplorer selon les chiffres de la Fédération internationale de défense des droits de l’homme (FIDH).

Le limogeage, mercredi matin, de l’ex-ministre de l’Intérieur Rafik Kacem est une preuve de plus que la crise tunisienne n’est plus seulement sociale, mais aussi politique. Le déploiement de l’armée à Tunis, l’instauration d’une garde permanente devant le siège du RCD (Rassemblent Constitutionnel Démocratique), parti politique au pouvoir, mais aussi devant celui de la télévision nationale : toutes ces réactions montrent que le régime de Ben Ali est sur la défensive. Non pas que l’autocrate tunisien assume une position de repli (la répression brutale et systématique des manifestations populaires atteste plutôt du contraire), mais la tranquillité dont il a pu jouir sur le plan politique grâce à une confiscation du pouvoir longue de vingt-cinq ans déjà semble s’être subitement évanouie. Le bruit cours même que la famille de Ben Ali serait en fuite vers Dubaï…

Le Président tunisien peut encore compter sur le soutient d’un gouvernement français qui refuse toujours de s’exprimer sur les évènements récents. Certes, le quai d’Orsay s’est fendu d’un appel au calme, mais sans plus. Et Luc Châtel, ministre de l’Education, aura vite fait de rappeler ce matin que la France n’a pas à « s’ingérer » dans les affaires tunisiennes. Décidément, que ne ferait-on pas pour garder le Président tunisien comme soutien dans la lutte anti-terroriste ? Inutile de préciser qu’un tel silence n’est pas neutre, et comme le titrait Libération mardi : « Silence, Ben Ali réprime ».

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