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La libéralisation latino-américaine depuis la fin de la Guerre Froide (2/2)

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Nous avons étudié dans une première partie les trois principes de la libéralisation du continent latino-américain depuis la fin des années 1980 : ouverture des frontières, dollarisation des économies, privatisations massives. Cela s’est accompagné de réformes supplémentaires parfois uniques à l’échelle de la planète.

Image classique de la maquiladora mexicaine
Image classique de la maquiladora mexicaine

L’Amérique Latine s’était distinguée durant la Guerre Froide par une politique dite d’Industrialisation par Substitution aux Importations (ISI). Il s’agissait de produire localement afin d’éviter la dépendance aux marchés étrangers. C’est exactement l’inverse que vont généraliser les différents gouvernements libéraux durant les années 1990, à partir de structures économiques déja existantes. Les pays de la région ont crée d’immenses zones franches visant à attirer les investisseurs étrangers et dans le but de produire à moindre coût, puis à exporter. La proximité avec les Etats-Unis a facilité cette mutation. En effet, les entreprises américaines, dans leur chasse aux coûts, ont délocalisé une partie de leurs industries à l’étranger. Le Mexique a été une cible de choix pour nombre d’entre elles.

Cette politique d’ouverture mexicaine date des années 1970, soit bien avant la vague de libéralisation touchant le continent. Le Mexique incitait fiscalement les entreprises qui s’installaient à proximité de la frontière avec les Etats-Unis. Ces entreprises bénéficiaient ainsi d’exemptions de taxes à l’import et à l’export. Néanmoins, cette attractivité était insuffisante : l’ouverture libérale de la fin des années 1980 a généralisé ce système à l’ensemble du pays. Ce système est appelé maquiladora. Il n’y a donc plus de raison géographique à bénéficier d’exemptions fiscales : seulement la promesse de réaliser une activité industrielle pour le compte d’un tiers. Cette politique a massivement industrialisé le pays, si bien que les produits manufacturés ont représenté plus de 80% des exportations durant les années 2000. Les performances sont diverses : autant l’automobile et l’électronique ont été des fers de lance économiques, autant le textile et le petit assemblage ont souffert avec le développement de la concurrence asiatique. Depuis une dizaine d’années, les maquiladoras souffrent, incapables de suivre la baisse des coûts de production venue d’Asie.

Cette ouverture du secteur industriel mexicain a poussé le reste du continent vers la même politique. La compétition fit rage, via des régimes fiscaux et douaniers les plus accueillants possibles, et une main d’œuvre peu chère et formée. Les suppressions de taxes à l’import et à l’export ont été massives, jusqu’à ce que l’OMC ne les interdit, car vues comme un soutien de la part de l’Etat. La plupart des zones franches sont situées à proximité des côtes (ports) ou de la capitale. Dans certaines régions, notamment en Amérique Centrale, les zones franches industrielles ont remplacé les grandes plantations dont dépendait historiquement toute l’économie du pays.  Tout comme au Mexique, les pays latino-américains se sont industrialisés, mais ont fortement accru leur dépendance à l’international, notamment aux soubresauts de la conjoncture.

Outre la promotion du secteur industriel, la vague de libéralisation a également profité à d’autres secteurs. Ainsi en est-il du tourisme, qui représente une manne certaine notamment dans la zone caraïbe. L’Amérique du Sud accueille ainsi une trentaine de millions de touristes chaque année. Un autre pan du secteur des services s’est également imposé : la finance. Plusieurs petits pays se sont en effet spécialisés dans la domiciliation d’entreprises financières, promouvant dans certains cas l’anonymat complet aux investisseurs. Ainsi en est-il d’îles caribéennes telles que les Bahamas ou les îles Caïmans, sans oublier des Etats d’Amérique Centrale comme le Belize ou Panama.

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