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Rétrospective 2015 : en 2015, une Russie au cœur de toutes les tractations géo-diplomatiques

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Si 2014 avait marqué une année importante pour le Kremlin, avec notamment les Jeux Olympiques de Sotchi mais aussi et surtout la crise ukrainienne, 2015 a définitivement mis la Russie au centre des relations internationales sur un nombre pléthorique de sujets majeurs. Face à un Barack Obama perçu comme passif sur le plan diplomatique, Vladimir Poutine a fait de la Russie une nation volontariste et incontournable sur la scène internationale.

Vladimir Poutine, homme fort de l'année 2015
Vladimir Poutine, homme fort de l’année 2015

Ces douze derniers mois, les sollicitations ont été nombreuses pour Vladimir Poutine, sacré homme le plus puissant du monde pour la troisième année consécutive par Forbes. Le premier semestre de l’année 2015 a commencé dans la continuité de 2014 : autour de la question ukrainienne. Entre durcissement des sanctions européennes à l’égard de Moscou et réunions de crise entre Vladimir Poutine, Angela Merkel et François Hollande, il a fallu attendre le 12 février pour qu’un accord de paix pour l’Ukraine soit trouvé, à Minsk en Biélorussie. Pourtant, le respect de cet accord, qui expire au 31 décembre de cette année, s’avère aujourd’hui incertain : en particulier, il est peu probable que l’Ukraine retrouve le contrôle de sa frontière orientale, contrairement à ce qui était prévu. John Kerry ayant annoncé que le respect de l’accord permettrait une levée des sanctions à l’égard de la Russie, on peut en déduire que celles-ci seront reconduites. Mais si la situation n’a que peu évolué en Ukraine depuis le cessez-le-feu décidé en février, c’est peut-être car la crise ukrainienne a été occultée par les fortes tensions nées de la Syrie en guerre et qui a occupé la plupart des diplomaties lors du second semestre de l’année.

Un recentrage des préoccupations géopolitiques vers le Moyen-Orient favorable à la diplomatie russe

En effet, le dossier syrien est sans doute le plus symbolique du pouvoir diplomatique russe. Continuant de défendre le maintien de Bachar al-Assad, reçu au Kremlin le 20 octobre dernier, la Russie a montré qu’aucune solution diplomatique ou militaire ne serait trouvée sans elle. Si les tergiversations sur les négociations ont pu sembler être un écran de fumée pour faire oublier le dossier ukrainien, la Russie n’a en aucun cas été passive sur le sujet : sa décision d’intervenir en Syrie par des raids aériens fin septembre est l’exemple le plus criant de cette proactivité russe. Mais la Russie est désormais également visée par des attaques terroristes, comme le montre l’explosion en vol d’un avion civil de la compagnie russe Metrojet ayant décollé le 31 octobre de Charm-el-Cheikh. Par ailleurs, si la main tendue par la Russie aux Occidentaux (notamment suite aux attaques de Paris) ne masque pas les désaccords persistants entre les deux parties, des rapprochements se sont récemment opérés : Moscou semble peu à peu reconnaître que Daech est la menace à cibler en priorité et des résolutions à l’ONU sont désormais adoptées de concert par les grandes puissances (résolutions 2249 et 2254, notamment). Malgré cela, la crise turco-russe née après que la Turquie (membre de l’OTAN) a abattu un avion de chasse russe en novembre, montre que les tensions peuvent être rapidement ranimées entre les deux blocs.

Un autre signe de la bonne volonté russe à vouloir collaborer réside dans le dossier du nucléaire iranien. Après douze ans de négociations, un accord historique a en effet été trouvé le 14 juillet dernier, à Vienne. Pour la Russie, ce repositionnement sur la carte de l’allié iranien peut s’avérer une aubaine dans une région marquée par de nombreux conflits. Ainsi, dès l’accord trouvé, la diplomatie russe avait laissé entendre que celui-ci pouvait permettre la mise en place d’une coalition élargie face à l’Etat Islamique. Et dès la fin du mois de septembre, la Russie, l’Iran, la Syrie et l’Irak annonçaient la mise en place d’une cellule de coordination en matière de renseignement pour faire face à la menace djihadiste. Mais au-delà de la question de l’Etat Islamique, Vladimir Poutine souhaite de toute façon poursuivre la collaboration avec le régime des Mollahs, en témoigne la livraison de missiles antiaériens S-300.

Ces derniers mois, le Kremlin a régulièrement semblé avoir un temps d’avance sur les événements internationaux et le jeu diplomatique. Nul doute que Vladimir Poutine continuera de jouer de son habileté (géo)politique pour servir ses intérêts et ceux des alliés russes. Ainsi, si 2015 a permis de trouver une solution au dossier iranien, la question est de savoir s’il en sera de même concernant la Syrie et/ou l’Ukraine en 2016 : Vladimir en détient, sans doute, l’une des principales clés.

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