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La dictature militaire Argentine de 1976 à 1983

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Massera, Videla et Agosti, chefs de la première junte militaire argentine de 1976 à 1980

L’histoire de l’Argentine au XXème siècle est jalonnée par les interventions militaires, dont la dictature de 1976-1983 est le point culminant. Tout au long de ces interventions, les moyens répressifs se sont accrus jusqu’à devenir des lieux communs, allant de l’interdiction d’évoquer le nom du président destitué par la junte militaire aux bombardements sur les civils.

Le coup d’État du 24 mars 1976 est réalisé seulement trois ans après la fin de la dictature de la Révolution argentine (1966-1973). Le général Jorge Videla dirige la junte qui renverse le pouvoir en place d’Isabel Perón. Quatre juntes se succéderont jusqu’à 1983. Un « Processus de réorganisation nationale » est entamé le jour même de la prise de pouvoir. Le parlement est dissout, la Cour suprême remplacée, cinq partis sont interdits ainsi que les « 62 organisations », une coalition composée de divers syndicats. La peine de mort est rétablie et les sanctions concernant les actions politiques des opposants alourdies. La presse n’échappe évidemment pas à la règle de la dictature : elle est censurée et encadrée par des « Principes et Procédures ». Ces nouvelles lois permettent l’instauration de « l’annihilation » de la subversion dans une optique de « guerre totale », selon les propres mots de Videla. Des milliers de personnes disparaissent, emprisonnées sans procès, parquées dans des camps de concentration. Des véhicules de police circulent et réalisent des kidnappings de masse. Parmi les victimes de rapt, de nombreux parents, accompagnés de leurs enfants, parfois adoptés par la suite. Ces actions ont donné naissance au fameux mouvement des «Mères et Grands-Mères de la place de Mai » : des familles qui voueront une partie de leur existence à retrouver leurs enfants et petits-enfants disparus. L’inexistence de registres officiels sur les actes commis a rendu difficile le décompte du nombre de victimes. Un chiffre officiel est toutefois accepté à l’unanimité par la communauté internationale : il fait état de 30 000 disparitions.

Il faut noter que la junte a participé à l’Opération Condor. Durant cette dernière, les services secrets des dictatures d’Amérique Latine, soutenus par la CIA, collaborèrent afin de traquer leurs opposants. Les Etats-Unis, mis au courant du coup d’État, se rangèrent donc aux côtés des putschistes. H.Kissinger -secrétaire d’Etat du gouvernement de G.Ford- déclara vouloir leur apporter de l’aide : le 27 Mars, le FMI accordait un prêt à la junte à hauteur de 127 millions de dollars. La « discrétion » et les mystères entourant la répression sont des facteurs pouvant expliquer le peu de réactions de la part de la communauté internationale face à la dictature argentine. Pour expliquer la position de la France, passive elle aussi, la thèse, selon laquelle des tortionnaires argentins de la dictature auraient auparavant été formés par des militaires français et auraient conservé des contacts, est souvent avancée.

 

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