Qu’est ce que la révolution verte ?
Mise en place dans les pays en développement à partir des années 1960, la « Révolution verte », expression de Norman Borlaug est une politique de développement agricole visant à renforcer la sécurité alimentaire. Au cœur de l’activité économique des pays en développement, l’agriculture constitue la principale source de revenus et d’emplois pour 70 % de la population, rendant nécessaire une amélioration de son efficacité.
Une évolution technologique et scientifique au service de la sécurité alimentaire…
La révolution verte a consisté en une sélection de variétés améliorées à haut rendement (VHR) principalement pour deux céréales de base (riz et blé), une meilleure maîtrise de l’approvisionnement en eau, la généralisation de l’utilisation d’engrais et de pesticides. Si l’exemple indien est emblématique, cette révolution a bénéficié à de nombreux cultivateurs d’Asie, mais aussi d’Afrique (Nigeria, Zimbabwe, Afrique du Sud, Kenya). Elle s’est traduite par une forte progression des rendements et la productivité a doublé entre 1960 et 1990. Cette combinaison des évolutions technologiques et scientifiques a permis d’éviter de nombreuses famines liées à la croissance démographies des années 1960- 1970. Véritable succès technologique, elle a par exemple favorisé le développement de l’agriculture à des fins commerciales en Afrique du Sud et au Zimbabwe. Sa réussite de sa mise en œuvre a largement été tributaire du contexte socio-économique et institutionnel permettant de nombreux débouchés commerciaux.
…qui n’est pas sans poser problèmes pour l’environnement et appelle à de nouvelles approches
Cette révolution agricole a cependant été remise en cause à partir des années 1990. Elle a tout d’abord réduit la biodiversité en favorisant la disparition cultures anciennes au profit des VHR. Les intrants utilisés ont de plus dégradé les terres et fait naître des craintes quant à leur impact sanitaire.
Cette révolution technique a de plus eu un impact socio-économique et géoéconomique. Les exploitants, concernés de façon différenciée par cette révolution agricole du fait des conditions structurelles spécifiques nécessaires à sa mise en place, sont devenus de plus en plus dépendants des fournisseurs extérieurs pour l’approvisionnement en intrants. De même, l’importance des quantités d’eau pour le développement de l’irrigation a requis des compétences externes, accroissant cette nouvelle forme de dépendance. Ainsi, les années 1990 se sont caractérisées par de nouvelles approches tentant de limiter les conséquences environnementales de la révolution verte ainsi que par de nouvelles techniques comme l’écoagriculture et l’agroécologie. L’objectif est d’aboutir à une révolution effectivement verte permettant une meilleure productivité ainsi que la maîtrise et la préservation des milieux. Elles restent néanmoins marginales et très localisées.
La permanence de l’insécurité alimentaire dans les pays en développement a conduit au retour d’approches anciennes. Ainsi, en 2013, l’Inde a décidé d’investir 42 millions d’euros dans la culture de céréales fortifiées en micronutriments. De même, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) créée en 2006 et financée par la fondation Bill et Melinda Gates ainsi que par la fondation Rockefeller, favorise l’utilisation d’OGM et des technologies pour une nouvelle révolution verte sur le continent africain. Répondant à des problèmes conjoncturels, mais surtout structurels, ces nouvelles approches semblent néanmoins souffrir des mêmes écueils que la première révolution verte.