Les Yeux du Monde

Actualité internationale et géopolitique

EuropeFrance

Les services de renseignement français: nouvelles menaces, nouveaux défis

Shares

La mise à l’honneur pour la première fois de leur histoire le 14 juillet dernier, lors du défilé national, du GIGN, de la BRI et du RAID, symboles français de la lutte contre la menace terroriste, est l’occasion de revenir sur l’engagement français dans ces guerres dites « asymétriques » – entre des états dotés d’armées régulières et des groupuscules armés à vocation terroriste. Comment les services de renseignements s’adaptent-ils aux nouveaux enjeux du XXIème siècle ? Quels sont les atouts français pour faire face à une menace devenue omniprésente ?

PHO7b2acb08-4179-11e3-823f-5e442ec762c8-805x453
Dans les locaux de la DGSE, fer de lance du renseignement français

C’est en 1940 que le Général de Gaulle créé ce qui deviendra dès l’année 1942 le BCRA (Bureau Central de Renseignement et d’Action), future Direction Générale des Services Extérieurs (DGSE). Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les services de renseignement français n’ont eu de cesse de s’adapter aux nouveaux types d’affrontements, en particulier depuis la fin de la Guerre Froide, dernier grand conflit interétatique d’ampleur mondiale. Si l’ordre bipolaire mondial avait en effet donné aux services de renseignement une légitimité certaine, leur persistance à l’heure actuelle est bien loin de se révéler anecdotique. Face à la menace terroriste grandissante, 6000 agents travaillent aujourd’hui au sein de la DGSE, représentant un budget d’un peu plus de 750 millions d’euros par an. Chaque année, des dizaines de tentatives d’attentats visant le sol français sont ainsi déjouées grâce à l’action des services français.

En réalité, la menace liée à l’émergence de groupuscules à tendance terroriste n’est jamais créée ex-nihilo, mais toujours en conséquence à l’affaiblissement de la structure étatique d’un pays. Les services de renseignement ont donc pour mission première de collecter et d’analyser d’immenses quantités de données, afin d’anticiper et d’identifier les points chauds pour fournir aux autorités une expertise de long-terme et une appréciation la plus objective possible des risques en présence. En outre, la totale indépendance de la DGSE lui permet de disposer de moyens de lutte opérationnels, en particulier l’interpellation de personnes impliquées dans des réseaux à caractère terroriste. Le service est en effet civil et n’est donc pas subordonné à un état-major militaire(1). Ce qui ne l’empêche toutefois pas d’être un appui déterminant des forces militaires (l’opération Serval au Mali en 2013 avait été lancée suite au recoupement de plusieurs renseignements émanant de la DGSE).

Cette autonomie des services constitue un avantage indéniable face à ses homologues européens, tels que le BND allemand ou le SIS et le GCHQ britanniques, dont les actions sont souvent rendues inefficaces en raison de l’inertie des processus décisionnels. De plus, la mutualisation des services de renseignements et des services techniques, un dispositif unique au monde, accélère la prise de décision en cas d’alerte. Au contraire de son homologue américain (la CIA) qui travaille en parallèle de la NSA et de la NGA (National Geospatial-Intelligence Agency), la DGSE peut donc faire preuve d’une rapidité remarquable (et remarquée) en situation de crise.

La France, puissance militaire de premier plan :

Succédant à un XXème siècle marqué par la régularité de trois conflits interétatiques d’ampleur mondiale, le XXIème siècle a définitivement débuté comme le siècle de l’incertitude. Du 11 septembre 2001 au 7 janvier 2015, la menace terroriste et la guerre asymétrique qu’elle sous-entend ont redessiné la carte des puissances militaires mondiales. La France, par la mutualisation des efforts de son dispositif civil de renseignement et de son dispositif militaire d’intervention armée, fait sans l’ombre d’un doute figure de nouveau leader. Le succès récent de l’opération Serval montre la force des services français, aptes à adopter les méthodes de communication réticulaires de leurs ennemis afin de mieux les surprendre. Avoir la capacité de réduire sur le terrain l’asymétrie du conflit, en s’imprégnant de l’environnement et des méthodes de combat de l’ennemi, tel est certainement l’atout le plus déterminant des services français dans cette nouvelle forme de conflits.

 

(1) Le chef d’état-major des armées dispose par ailleurs de son propre service de renseignement, la Direction du Renseignement Militaire (DRM) créée en 1992.

Shares

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *