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Shimon Peres en 5 déclarations

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L’une des figures israéliennes les plus influentes de l’Histoire, Shimon Peres, s’est éteinte dans la nuit du 27 au 28 septembre, à l’âge de 93 ans. Shimon Peres apparaît comme l’un des fondateurs de l’Etat d’Israël, en 1947. Né dans la Pologne de l’entre-deux-guerres (1923), il émigre en Palestine en 1934 et devient militant sioniste, puis dirigeant de l’Etat juif fraîchement créé. Retour sur les éléments forts de la vie de l’homme politique israélien et figure diplomatique du Proche-Orient à travers 5 déclarations.

Shimon Peres était le dernier père fondateur d’Israël encore en vie
Shimon Peres était le dernier père fondateur d’Israël encore en vie

-« La guerre a un but » (Shimon Peres, Le Figaro, 30 mars 2016)

Connu pour ses tractations en faveur de la paix, Shimon Peres a commencé sa carrière politique comme figure de l’armement israélien. Shimon Peres s’est rendu compte très tôt que la guerre ferait partie de la vie de son pays. Dès 1947, David Ben Gourion, Premier ministre de l’Etat juif tout juste créé, le charge de constituer l’armement du pays. Il passe ainsi par les Etats-Unis et l’Europe, notamment la France auprès de laquelle il acquiert probablement la technologie nucléaire. Cependant, l’Etat hébreu s’est toujours refusé à reconnaître l’obtention de l’arme atomique.

-« Je n’aspire pas à régner, je préfère servir. » (Shimon Peres, Paris Match, 11 mars 2013)

Cette déclaration néglige un constat implacable : celui du nombre d’échecs électoraux de Shimon Peres. Défait par cinq fois aux législatives (1977, 1981, 1984, 1988 et 1996) alors qu’il dirigeait le parti travailliste, Shimon Peres a également été battu aux élections présidentielles en 2000. Cela n’a pas empêché Peres d’être ministre des Affaires Etrangères à trois reprises, ministre de la Défense, des Finances ou encore des Transports. De même, bien que jamais élu, il a cumulé un peu moins de trois ans comme Premier ministre intérimaire en 1977, en 1984-1986 et en 1995-1996, après l’assassinat de son prédécesseur, Rabin, par un extrémiste juif. Il accède finalement à la présidence de l’Etat hébreu en 2007, deux ans après avoir quitté le parti travailliste pour rejoindre Kadima, le nouveau parti de son ancien ennemi politique Ariel Sharon. Malgré son âge avancé à la fin de son mandat en 2014, Shimon Peres a continué à servir son pays en rencontrant régulièrement les dirigeants du monde entier.

-« Décider entre la paix et la guerre, voilà le propre d’un homme d’Etat. » (Shimon Peres, Le Figaro, 24 avril 1998)

Convaincu tout au long de sa carrière politique de discuter avec les Palestiniens, il reçoit, avec Yasser Arafat, président de l’Autorité Palestinienne et Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, le prix Nobel de la Paix à la suite de la signature des Accords d’Oslo, en 1993. Ces accords prévoient notamment la reconnaissance mutuelle des droits politiques des deux parties et l’autogouvernement des bandes de Gaza et de Jéricho.

-« La meilleure façon d’apprendre à nager est de le faire à contre-courant. Sans craindre la solitude, la controverse, l’impopularité. » (Shimon Peres, «Le Monde magazine », septembre 2009)

Figure diplomatique emblématique dans le monde, Shimon Peres fait figure de mal aimé dans son pays. Tantôt considéré comme trop proche des Palestiniens et délaissant la question sécuritaire, tantôt accusé de manque de courage dans son combat pour la paix à sa gauche, Shimon Peres a cristallisé les tensions de son pays.

– « On a fabriqué un mythe autour de Shimon Peres. Il serait le seul leader ayant réellement participé aux processus de paix, un martyr, mais la réalité est toute autre. (…) Rabin a été plus courageux. Le processus de paix est mort le 4 novembre 1995, lors de son assassinat. » (Leïla Shahid, ex-ambassadrice de la Palestine auprès de l’UE, l’Orient-Le Jour, septembre 2016)

Cette déclaration de Leïla Shahid résume la pensée des opposants modérés à Shimon Peres. Parmi les reproches qui lui sont faits, l’escalade du conflit avec Le Hamas et le Liban en 1996, au cours duquel un camp de l’ONU, à Cana au Liban, est bombardé, faisant 106 victimes civiles. De même, son ralliement à Ariel Sharon, opposant aux accords d’Oslo qu’il s’applique à enterrer, contribue à brouiller l’héritage pacifiste de Shimon Peres.

Ainsi, le silence des autorités égyptiennes et jordaniennes à l’annonce de son décès, ainsi que la virulence de la presse arabe reflètent l’échec à long terme des tentatives de paix entre Israël et les pays arabes. Parmi les rares réactions positives dans la région, on note celle de Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, qui a salué dès mercredi Shimon Peres comme un « partenaire courageux pour la paix » et qui s’est rendu aux funérailles de ce dernier à Jérusalem.

A la fois homme de guerre et homme d’une paix lointaine au Proche-Orient, Shimon Peres est une figure contrastée, dont seul le dévouement pour son pays fait l’unanimité. La durée de sa carrière politique est en effet égale à l’âge de son pays.

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Marc GERARD

Ancien élève de CPGE B/L au Lycée Montaigne, Marc Gérard est diplômé d'un master en Histoire des mondes modernes et contemporains, certifié et enseignant en Histoire-Géographie. Il est rédacteur pour Les Yeux du Monde depuis janvier 2016.

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