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Puissances asiatiques à Davos : quels buts pour la Chine et le Japon ?

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Le Forum économique mondial de Davos a été marqué par l’absence de plusieurs chefs d’État, dont Donald Trump. Si le président chinois n’était pas non plus présent en Suisse, son pays a été néanmoins fortement représenté. Cependant, cette présence se situe dans un contexte de questionnements face au ralentissement économique du géant. La seconde puissance asiatique, le Japon, s’attelle de son côté à conserver un lien fort avec les États-Unis sur le dossier nord-coréen.

Le vice-président chinois Wang Qishan était à Davos.
La Chine est venue à Davos dans le but de rassurer ses partenaires.

À Davos, une Chine qui se veut rassurante, et entreprenante

Xi Jinping n’était pas présent au Forum économique mondial de Davos. En revanche, la Chine fut solidement représentée. La délégation a été active tant dans la dénonciation du protectionnisme que dans la promotion du projet OBOR (One Belt, One Road). Wang Qishan a prononcé une allocution claire sur la défense de la globalisation en tant que « direction inéluctable de l’Histoire ». Devant le grand nombre d’hommes affaires rassemblés, le vice-président chinois a dénoncé les politiques protectionnistes et isolationnistes actuelles, sans mentionner explicitement Donald Trump[1].

Le but de la Chine est, invariablement, de poursuivre son développement face à un recul de la demande mondiale. Durant un séminaire tenu à Davos mardi, un officiel chinois avait admis des chiffres d’exportation « peu encourageants » tout en assurant que son pays détenait encore une grande marge de manœuvre afin de rééquilibrer la situation[2]. En décembre 2018, en effet, les exportations chinoises ont connu leur plus forte baisse depuis deux ans[3]. L’augmentation des droits douaniers américains a également influé. Ce ralentissement s’accompagne d’une baisse de la croissance du PIB en 2018 à 6,6 %, la plus faible depuis 1990[4].

La Chine s’est ainsi révélée fortement présente au cours de ce Forum, dans le but de rassurer les investisseurs et les chefs d’État. Ce fut également l’occasion pour Pékin de se repositionner en ardent défenseur du libre-échange face à Washington. Cependant, il n’en demeure pas moins une opacité de longue date autour des chiffres délivrés par le gouvernement. Cette absence de transparence laisse l’incertitude s’installer sur la réelle santé économique du pays. La Chine fait face à des failles structurelles importantes, et il est difficile d’évaluer sa réelle marge de manœuvre. Ces éléments sont d’autant plus importants qu’un ralentissement chinois aura un impact fort sur les autres économies mondiales.

Le Japon, inquiet d’être laissé sur la touche ?

Le Japon a semblé avoir des préoccupations principalement sécuritaires durant ce Forum de Davos. Le Premier Ministre japonais Shinzô Abe a officiellement déclaré, lors d’une interview pour le New York Times, qu’il se sentait « confiant » vis-à-vis de sa synchronisation avec le président Trump sur le dossier nord-coréen.

Cependant, en coulisses, certains officiels se disent inquiets. Le contexte intérieur est difficile pour le président américain. Cela pourrait le pousser à obtenir coûte que coûte une victoire diplomatique lors de son prochain sommet avec Kim Jong-un. Ainsi, la perspective d’un accord mettant en place le démantèlement des missiles balistiques intercontinentaux – ceux en mesure d’atteindre les États-Unis – tout en laissant l’arsenal courte portée intact – pouvant toucher le Japon – n’est pas improbable[5].

Le Japon est donc, en réalité, inquiet d’être laissé vulnérable suite au prochain sommet Corée du Nord – États-Unis. Shinzô Abe a prononcé plusieurs déclarations au cours de ce Forum économique mondial de Davos afin de mettre en avant sa volonté d’œuvrer en équipe avec le président Trump  face à la Corée du Nord. L’archipel se situe dans un contexte de forte dépendance à Washington sur le plan sécuritaire.

Sources

[1] DONNAN Shawn, « China’s Vice President uses Davos speech to offer rebuttal of Trump », Bloomberg, 23 janvier 2019.

[2] ZHDANNIKOV Dmitry et KIHARA Leika, « China’s export not “very encouraging” : senior official », Reuters, 22 janvier 2019.

[3] Trading economics, « China exports ».

[4] Trading economics, « China GDP growth rate ».

[5] LANDLER Mark, « As next summit Trump-Kim nears, Japan worries that U.S. will leave it in the dark », The New York Times, 23 janvier 2019.

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Jessy PÉRIÉ

Diplômée d'un Master 2 en Géopolitique et prospective à l'IRIS, Jessy Périé est analyste géopolitique et journaliste, spécialisée sur la zone Asie orientale. Elle s'intéresse particulièrement aux questions de politique extérieure chinoise et japonaise.

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