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Le Mali : un Etat de jure, deux Etats de facto

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Cela fait maintenant deux mois que le Mali est coupé en deux. Deux mois  depuis la proclamation d’indépendance de l’Etat Islamique d’Azawad, au nord-est du pays.

Cet Etat, s’il n’a été reconnu par aucun pays occidental, ni par l’ONU, ni par la CEDEAO (Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest), existe de fait, car l’Etat légal n’exerce plus aucune autorité sur la région.

Ce « nouvel Etat africain » est actuellement dirigé par un conseil de transition qui regroupe deux grandes tendances: les islamistes (financés et en grande partie dirigés par AQMI) et les indépendantistes touaregs (Azawad est le nom touareg de la région). Tout oppose ces deux groupes : la légitimité de l’un est religieuse, celle de l’autre est ethnique ; le premier est relativement récent (une vingtaine d’année), le second se bat pour l’indépendance depuis presque un siècle ; AQMI veut imposer la charria, les touaregs, nomades, sont habitués à une interprétation très souple des principes de l’Islam.

La seule et unique chose qui fédère ces deux groupes, c’est l’ennemi commun : l’armée malienne.

Une armée malienne bien en peine. Abandonnée par la communauté internationale (notamment par les deux grands soutiens traditionnels, les Etats Unis et la France), affaiblie par la situation politique du pays et par les tentatives de putschs militaires, elle a complètement perdu pied et ne peut reconquérir le Nord (qui lui, a su s’emparer des armes libyennes après la chute de Kadhafi).

Cependant, deux éléments jouent en la faveur de Bamako et font que la situation actuelle a peu de chances de perdurer en l’état.

Premièrement, les divisions au sein du « conseil de transition » se font déjà sentir (des affrontements armés entre milices touaregs, populations locales et AQMi ont déjà eu lieu dans plusieurs villes du Nord), et ne feront que s’accentuer avec le temps. On ne peut construire quoi que ce soit de durable sur une alliance de circonstances, un Etat encore moins qu’autre chose.

Deuxièmement, il faut compter sur le principal acteur de la région : l’Algérie. L’Etat Islamique d’Azawad est doublement inacceptable pour le géant maghrébin. D’abord, ce pays, leader incontesté (bien que contestable) de la lutte contre le terrorisme islamiste dans la région, ne saurait accepter la création d’un nouvel Etat islamiste à ses portes. N’oublions pas que la grande majorité des membres d’AQMI, et tous ses leaders, sont des islamistes algériens dont l’objectif premier reste de faire chuter le gouvernement militaire d’Alger pour enfin prendre le pouvoir. Ensuite, la création d’un Etat touareg au Nord du Mali ferait renaitre des tensions chez les touaregs d’Algérie.

Etat « de fait », l’Etat Islamique d’Azawad a donc peu de chances de devenir un Etat « de droit », i.e. un Etat légal et reconnu. Ce qui ne veut pas dire que Bamako va prochainement réussir à rétablir l’ordre dans sa province du Nord…

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