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France vs Etats-Unis: bataille en coulisses pour le marché iranien

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Depuis l’élection du président Hassan Rohani en Juin 2013, puis l’accord sur le nucléaire à Genève le 26 Novembre dernier, l’Iran semble de plus en plus prêt à rentrer dans l’échiquier international. Négociations et rencontres plus ou moins secrètes entre l’Iran et de multiples entreprises du monde entier ont repris, alors que l’embargo n’est officiellement que partiellement levé. Cette guerre économique fait particulièrement rage entre la France, historiquement bien implantée en Iran, et les Etats-Unis, dont l’ouverture de l’ancien empire perse ne laisse pas indifférent ses entreprises.

L’Iran a un potentiel économique très important, avec notamment d’importantes ressources en pétrole (9,1% du pétrole brut mondial) et gaz. Après de longues années de sanctions économiques, le pays veut donner un nouveau souffle à son économie afin de satisfaire près de 78 millions de consommateurs. Le président Rohani souhaite en effet développer le secteur privé, dans une république islamique caractérisée par une lourde bureaucratie et une certaine instabilité réglementaire. L’Iran a un grand besoin d’infrastructures, et de renouvellement de matériels (parc automobile, flotte aérienne civile). Au final, c’est près de 50 milliards de contrats industriels qui sont en attente de la fin des sanctions, qui éveillent les appétits d’entreprises du monde entier.

Les compagnies américaines se préparent donc à la réouverture du marché iranien, et les autorités américaines tâchent de leur ouvrir le chemin. Le fameux lobby « United Against Nuclear Iran » (UANI) exerce une importante pression sur les entreprises continuant à faire affaire avec l’Iran malgré les sanctions, particulièrement européennes comme ce fut le cas pour Renault. L’exécutif agit également en prenant les fameux décrets présidentiels, le dernier en date étant l’Executive Order Act 13645 concernant le marché automobile iranien. La France fait donc face depuis quelques années à une forte pression de la part des Etats-Unis pour se désengager économiquement de l’Iran. En 2000, la France exportait pour près de 2 milliards d’euros en Iran, quand en 2012 les exportations annuelles ne représentaient plus que 800 millions d’euros.

L’ensemble de ces actions a pour but d’évincer toute concurrence étrangère lorsque l’Iran sera de nouveau considéré comme accessible au commerce et aux affaires. Dans le secteur automobile, ce dernier décret visait essentiellement à purger le marché automobile iranien. En autorisant uniquement la fourniture de véhicules, et non celui de pièces détachées ou de services, les autorités américaines favorisent l’implantation de ceux qui n’ont pas d’activités industrielles dans le pays comme General Motors, au détriment des équipementiers déjà présents comme PSA, qui représente près de 30% du marché. De même dans l’aviation, la levée partielle de l’embargo autorise la vente de pièces d’avions uniquement à Iran Air, une flotte composée majoritairement de Boeing, et non à Mahan Air qui elle est composée majoritairement d’Airbus.

L’intransigeance de Laurent Fabius lors des négociations accompagné des manœuvres commerciales américaines ne rendent pas la tâche facile aux entreprises françaises en Iran. Toutefois, les iraniens se rappellent que les compagnies françaises sont parmi celles qui sont restées le plus longtemps malgré les pressions américaines (notamment Total qui a été la seule compagnie à défier la loi d’Amato). De plus, la visite début Février de la délégation du Medef en Iran a impressionné par « sa qualité et son nombre » selon Behzad Azara, conseiller économique à l’ambassade iranienne à Paris. Comme l’a qualifié Intelligence Online, c’est donc une véritable « guerre feutrée » qui se déroule entre Washington et Paris, nous rappelant cette juste phrase du général de Gaulle « Les Etats n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts ».

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