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Les négociations pour la paix avec les talibans vont reprendre… Mais y a-t-il vraiment de l’espoir ?

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Les pourparlers entre les talibans et la Coalition devraient reprendre d’ici quelques semaines, dès que le président afghan, Hamid Karzai, aura donné son accord.

Il y a déjà eu des négociations secrètes entre les Etats Unis et les talibans : publiquement désavouées par le président Karzai en décembre dernier, elles avaient alors été rompues. Ce « croche pied » de M. Karzai, très moyennement apprécié par la maison blanche, s’explique aisément. Certes, il ne peut évidemment se passer des Etats Unis, mais il sait que la présence de la coalition est temporaire (départ prévu en décembre 2014). De nombreux chefs tribaux et responsables afghans lui reprocheront alors son inféodation à Washington : refuser des négociations pour lesquelles le gouvernement afghan n’avait pas été convié (à la demande des talibans) est un gage d’indépendance nationale. De plus, il sait qu’il devra « gérer » seul les talibans après le départ de la Coalition, il est donc inacceptable que les Etats Unis négocient sans lui.

Des officiels de la Maison Blanche l’ont annoncé, les américains ne commettront pas la même erreur : ces nouvelles négociations, si elles sont acceptées par M. Karzai, seront tripartites. Les accords, pour être signés, devront contenir trois points « non négociables ».

D’abord, les talibans doivent renoncer à toute forme de terrorisme international. Paradoxalement, c’est ce qui sera le plus facile à obtenir : si les talibans sont de fait des islamistes fondamentalistes, nombre de leurs chefs se sont rendu compte que l’aide qu’ils ont apporté à Al Qaeda ne leur avait rien apporté de bon. Rappelons-nous que les talibans ont hébergé et soutenu l’organisation de Ben Laden, en aucun cas ils n’en ont fait parti.

Ensuite, les Etats Unis (et M. Karzai) exigent des talibans des garanties pour la sécurité et la durabilité de l’Etat afghan, afin que Kaboul ne soit pas reprise par ces derniers dès janvier 2014…

Enfin, les talibans veulent la libération de leurs prisonniers détenus à Guantanamo et leur transfert au Qatar, ce qui sera excessivement difficile à accepter pour Washington.

Ces négociations ont-elles une chance d’aboutir ? Difficile à dire, mais en tout cas, elles ne sont pas condamnées.

Pour la Coalition et M. Karzai, la paix est vitale, tant il est clair que l’Etat afghan et ses forces de sécurité ne seront pas en mesure de contrôler le pays d’ici décembre 2014. Les talibans, eux, sont divisés. S’il existe parmi eux de nombreux djihadistes jusqu’au-boutistes qui ne voudront jamais signer la paix avec les « croisés », certains de leurs leaders « en ont assez », et devraient pouvoir se laisser convaincre « avec quelques valises de billets verts », selon un diplomate américain chargé du dossier et resté anonyme. Ainsi, s’il est peu probable que les pourparlers puissent aboutir à une véritable paix en Afghanistan, ils devraient au moins affaiblir durement les talibans.

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