L’Egypte accentue la répression
Un tribunal du Caire a condamné, le 23 juin, trois journalistes de la chaîne qatari Al-Jazeera, avec des peines allant de 7 à 10 années de prison. Les réactions à l’échelle internationale ne se sont pas fait attendre.
La chaîne Al-Jazeera a été interdite en Egypte, accusée de diffuser de fausses informations à propos des Frères Musulmans et d’en faire la propagande.
Depuis la destitution de de Mohamed Morsi, le 3 juillet 2013, Al-Sissi, le président élu avec 96,9% des suffrages, mène un cabale contre les pro-Morsi et les pro-Frères Musulmans en général.
Parmi les condamnés, il y a un reporter australien, Peter Greste et Mohamed Fahmy, un egyptien avec un passeport canadien, en plus d’un hollandais et d’un britannique. Les journalistes avaient été arrêtés pendant qu’ils enregistraient une émission contenant une interview avec un représentant des Frères Musulmans. Quelques jours auparavant, les Frères Musulmans avaient été déclarés organisation terroriste. Les journalistes se sont donc vus reproché leur collaboration ou appartenance à une bande armée.
Depuis un an et le coup d’Etat militaire (le 3 juillet dernier) qui a renversé le président islamiste Mohamed Morsi, plus de 2000 personnes sont mortes dans des affrontements contre les forces de l’ordre et une vingtaine de milliers de personnes ont été emprisonnées.
Une semaine en arrière, un journaliste d’Al Jazeera, Abdala al Shami, en prison depuis août et en grève de la faim depuis janvier avait été libéré. Ce n’était donc en rien une preuve de relâchement contre la traque entamée contre les Frères Musulmans.
Les journalistes d’Al-Jazeera sont des victimes collatérales d’un procès politique où la justice n’a jamais été présente.
Toute étincelle dissidente est donc dorénavant destiné à être éteinte avant même que la braise ne prenne.
Au-delà de cette répression contre un ennemi bien connu, le régime en place en profite pour mettre définitivement son veto sur le droit des journalistes d’exercer librement.
La liberté de la presse est un indicateur extrêmement fiable de la bien portance d’un Etat : la situation en Egypte est très critique.
Elle est également très critiquable et de nombreuses personnes sont montées au créneau pour dénoncer cette censure de la presse.
De nombreuses personnalités ont réagi dont John Kerry : « la condamnation d’aujourd’hui est une sentence effrayante et draconienne ». Ce dernier était pourtant en Egypte, il y a peu, pour calmer les ardeurs répressives d’Abdel Fattah al-Sissi, une tentative totalement vaine au vu du verdict prononcé lors de ce procès.
Des manifestations ont déjà été organisées à l’image des journalistes de la BBC qui ont organisé une minute de silence de protestation.
Une affaire qui est loin d’être fini et qui devrait faire du bruit dans les mois à venir… Affaire à suivre