Le Liban : un pays sans président depuis plus d’un an
Le dernier président libanais, Michel Sleimane, date du 24 mai 2014, et entre-temps, ce sont 27 tentatives pour en élire un nouveau qui se sont soldées par un échec.
Le Liban possède un système politique bien particulier et celui-ci est à l’origine de la crise politique qu’il subit actuellement. Ce pays a été rongé par une guerre civile entre 1975 et 1990 et pour y mettre fin a été signé l’accord de Taëf qui réorganise le partage de pouvoir entre les différentes communautés religieuses qui composent ce pays. Ainsi au Liban, le pouvoir se partage entre les musulmans et les chrétiens. L’ensemble des députés est soit chrétien soit musulman c’est-à-dire qu’il faut qu’il y ait 50% de députés chrétiens et 50% de députés musulmans. Il s’agit de la même répartition pour les membres du gouvernement. En ce qui concerne les « postes clés » : le président doit être chrétien maronite, le Premier ministre musulman sunnite et le chef du Parlement musulman chiite. Toutefois sont compris dans les « chrétiens » les grecs orthodoxes, les catholiques ou encore les arméniens et dans les « musulmans » les musulmans sunnites, les musulmans chiites et les druzes. A l’ensemble de ces règles que doit respecter le Liban, s’ajoute le fait que le président doit être élu par le Parlement à la majorité des deux tiers. Comme ce dernier est composé de 50% de chrétiens et de 50% de musulmans, l’élection peut être boycottée par l’un des deux partis et donc le système se trouve dans une impasse. C’est ce qui explique que le Liban ne soit pas doté d’un président depuis le mois de mai 2014. Les différentes communautés qui composent le Liban sont donc au cœur du système politique. Le pays en reconnait officiellement 17 et il compterait au total 41% de chrétiens (majoritairement maronite mais sont comptées également dans ce chiffre les autres communautés) ; 27% de musulmans chiites ; 27% de musulmans sunnites et 5% de druzes.
La crise actuelle des ordures : un reflet du blocage politique
Actuellement le Liban est submergé par tout un ensemble d’ordures, de déchets ménagers qui ne sont plus ramassé depuis le mois de juillet. Les rues de la capitale du pays, Beyrouth, sont jonchées de détritus. La cause de ce problème vient de la fermeture de la plus grande décharge du pays du fait de la fin du contrat d’exploitation de la société qui la gérait auparavant. Face à ces détritus qui s’accumulent dans les rues de Beyrouth, les habitants organisent de grandes manifestations afin de réclamer la reprise du ramassage des ordures. Toutefois ils dénoncent aussi le dysfonctionnement de l’Etat et la corruption des politiques. Le principal slogan des dizaines de milliers de manifestants qui se réunissent est « vous puez » : il est destiné à la classe politique. La paralysie des institutions politiques libanaises qui engendre un délabrement des services publics touche directement la population. Le système politique actuel présente d’un côté des garanties aux différentes communautés mais de l’autre peut le bloquer complètement. Signe de ce blocage, mercredi dernier, le 2 septembre 2015, une nouvelle session parlementaire consacrée à l’élection d’un président était prévue mais elle est reportée au 30 septembre prochain. La crise actuelle vient de la guerre froide entre l’ex-Premier ministre sunnite soutenu par l’Arabie Saoudite et le Hezbollah chiite soutenu par l’Iran. Ainsi le Liban est le reflet de la lutte d’influence que se livre les deux leaders régionaux.