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Accord au Soudan du Sud : un accord durable ou une énième tentative de paix infructueuse ?

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Le Soudan du Sud subit une guerre civile depuis décembre 2013 quand le président Salva Kiir accusa Riek Machar son vice-président d’avoir fomenté un coup d’état. Dans les quelques jours qui vont suivre, les combats coûteront la vie à plusieurs centaines de personnes. Le conflit, toujours en cours malgré de nombreuses tentatives de médiation de l’Ethiopie, du Soudan et des Etats-Unis, empêche le tout jeune pays de se développer et d’éloigner la menace de la famine.

Un conflit aux conséquences humanitaires très graves, particulièrement dans le Nord où se trouvent les puits de pétrole
Un conflit aux conséquences humanitaires très graves, particulièrement dans le Nord où se trouvent les puits de pétrole (OCHA)

Le conflit s’éternise et la situation empire. Depuis le début du conflit ce sont entre 10 000 et 50 000 personnes qui auraient trouvé la mort dans le conflit. Deux millions trois cent mille personnes auraient été déplacés (OCHA) et plus d’un demi million de personnes auraient quitté le pays ; le Soudan du Sud accueille même 250 000 réfugiés de pays voisins. En RDC, c’est 7 000 réfugiés qui ont traversé la frontière en moins d’un mois selon ce qui a été annoncé par les autorités locales congolaises début janvier 2016. De plus, les conditions climatiques de la région font courir un grand risque aux populations déjà durement éprouvés. Un rapport de l’ONU, de la FAO et du PAM en novembre 2015 notait que quelques 30 000 personnes « vivaient dans des conditions extrêmes et risquaient de mourir de faim ». La guerre civile a particulièrement usé d’enfants soldats ; l’UNICEF estime que plus de 16 000 enfants auraient été enrôlés depuis le début du conflit, soit pour combattre, soit en tant qu’esclave sexuel. Si l’Etat n’est pas un Etat failli, il s’en rapproche. Les revenus Sud-Soudanais provenant de l’exploitation des puits de pétrole ont diminué de moitié ces dernières années atteignant à peine 5 millions de dollars par jour.

Une guerre civile qui a causée de nombreux massacres ethniques

Le Soudan du Sud, indépendant du Soudan depuis 2011, a combattu pour sa sécession avec le nord depuis le départ des britanniques en 1956. Le pays est donc un territoire meurtri par 60 ans de guerres et où des massacres ethniques ont été souvent commis créant ainsi de vives rancunes. La guerre civile a notamment fait ressurgir cet aspect. En effet de nombreux massacres ont été commis autant par les forces gouvernementales que rebelles. Le président et le chef des rebelles se sont appuyés sur leurs ethnies respectives créant ainsi de fortes tensions qui auraient dérapé en des massacres de populations civiles.

Un espoir de reconstruction

Toutefois, le 7 janvier 2016, un accord a été atteint entre les forces gouvernementales et rebelles. Le président Salva Kiir a alors annoncé la nomination de 50 députés issus de la rébellion et précède l’annonce dans la même journée d’un nouveau gouvernement composé de 16 ministres fidèles au président et 10 aux forces rebelles. Cette décision a été majoritairement approuvée par l’opposition qui reçoit notamment le ministère de l’Intérieur. Ces nominations font suite aux accords signés le 26 août 2015 dont le cessez-le-feu avait été rapidement rompu. Cependant le leader de l’opposition Riek Machar est toujours en exil en Ethiopie, et le récent découpage du pays en 28 régions à la place de 10 a remis de l’huile sur le feu en laissant planer le doute sur l’identité de celui qui dirigerait les régions du Nord, productrices du pétrole. Kiir, très optimiste, s’est excusé auprès du peuple sud-soudanais de la guerre civile qui dure depuis un peu plus de deux ans et a déclaré que Riek Machar serait nommé vice-président. Le 8 janvier, un journaliste qui venait de publier un article critique sur la gestion de la guerre civile par le parti gouvernemental a disparu et le quotidien n’a plus paru depuis. Si l’accord est encourageant, la situation humanitaire est toujours très problématique et le chemin est encore long avant qu’un réel débat puisse s’instaurer entre gouvernants et société civile.

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