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L’instabilité chronique de la Somalie au XXème siècle

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Depuis plus de 30 ans, un triptyque s’applique à la Somalie : désordre, violence, déliquescence. Si la communauté internationale a tenté d’apporter des solutions diverses afin de stabiliser la pays tant via des aides humanitaires que via des interventions militaires ou des opérations de refondation des institutions publiques, la Somalie du XXème siècle se résume en un parcours chaotique.

Replié sur elle-même après la perte du Somaliland et du Puntland, la Somalie est inscrite dans un cercle vicieux destructeur dont elle ne sait sortir
Replié sur elle-même après la perte du Somaliland et du Puntland, la Somalie est inscrite dans un cercle vicieux destructeur dont elle ne sait sortir

Constatation plutôt rare sur le continent africain, la société somalienne affiche une certaine homogénéité sur le plan ethnique, linguistique et religieuse et s’organise selon une articulation clanique qui régule les territoires et les activités économiques. Pourtant, avant l’indépendance de 1960, la Somalie n’était pas un pays au sens attribué aujourd’hui au terme « pays ». La fondation de l’Etat Somalien, ces frontières tirées à la règle de Michel Foucher, laisse toutefois une partie de certaines ethnies tel les Somalis (issus des Hamites) hors du territoire Ce regroupement imparfait constitue une des causes des maux actuels. Les revers militaires de la guerre face à l’Ethiopie en 1978 sur la question de l’Ogaden affaiblissent un régime dirigé par Syad Barre (auteur du coup d’Etat en 1969) qui a centralisé le pouvoir, étatisé l’économie et suivi l’URSS dans un contexte de guerre froide. La conjonction de ces facteurs conduit à la guerre civile de la seconde partie des années 1980.

 

Cette guerre civile, notamment portée par les clans Issa du Nord et Majerteen au centre, entraine la chute de Syad Barre et dans son sillage, la chute de tout appareil d’état et la déclaration d’indépendance du Somaliland. La déliquescence progressive du pays alerte la communauté internationale dont les modes d’intervention sur le territoire somalien vont progressivement se muer en intervention militaire. Si la première phase se limite à une aide humanitaire dont les ressources seront accaparées et détournées et sources elles-mêmes de nouveaux conflits, l’ONU lance dans un second temps deux opérations (l’une pacifique, l’autre militaire) dont les contingents proviennent en majeure partie des Etats-Unis. Cette évolution des interventions traduit à la fois l’échec de la communauté internationale dans la résolution du conflit mais aussi le repli devenu classique et normatif d’une solution limitée au contrôle des débordements régionaux. Toutefois, l’ensemble des solutions proposées est un échec et cause une nouvelle perte à la Somalie, celle du Puntland, au nord-est du pays. Il s’agit bien ici d’une instabilité chronique. En effet, Somaliland et Puntland, deux territoires perdus de la Somalie correspondent aux territoires occupés par les colons britanniques au XIX et XXème siècle.

Si la fin des années 1990 se déroule dans un calme relatif, elle souligne en réalité l’enlisement d’une situation, une absence de sortie de crise, une crise prolongée. C’est alors ces enchevêtrements de facteurs qui peuvent expliquer partiellement la Somalie du XXIème Siècle.

Après 15 ans de crise prolongée, l’espoir est aujourd’hui par Fatumo Dayib. Celle qui veut provoquer des « changements sociaux en Somalie » n’est toutefois soutenue par aucun clan. Or, la société somalienne est encore profondément ancré dans un système clanique ultra-décisionnair. C’est ce cercle vertueux qui empêche la Somalie de sortie de la crise : pour engranger des changements sociaux, faut-il encore accéder démocratiquement au pouvoir, lui même dépendant des clans ancestraux…

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