Nucléaire iranien : un accord fragilisé
L’accord sur le programme nucléaire iranien, conclu au terme de douze années de négociation, se trouve plus que jamais fragilisé. Le 12 mai prochain, le président américain Donald Trump devrait se prononcer sur le maintien ou le retrait des États-Unis de celui-ci.
Les faiblesses de l’encadrement du nucléaire iranien
L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien appelé « Plan d’action conjoint » (Joint Comprehensive Plan of Action, JCPOA), conclu le 14 juillet 2015, a été signé d’un côté par l’Iran et, de l’autre, par les États-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Union européenne. Son principal objectif est de limiter le programme nucléaire iranien et de lever les sanctions internationales contre l’Iran.
Conclu sous l’ère Obama, le JCPOA est considéré par son successeur Donald Trump comme « le pire accord jamais signé par les États-Unis »[1]. Il a assuré que « dans sept ans, cet accord aura expiré et l’Iran pourra développer des armes nucléaires ». A cela s’ajoute le fait qu’il n’aurait pas été « approuvé par beaucoup de monde » selon lui [2].
Le 12 mai prochain, les États-Unis devront se prononcer sur un éventuel retrait de l’accord de Vienne. « Si nous ne pouvons pas le modifier, [Donald Trump] s’en retirera », a prévenu le secrétaire d’État américain Mike Pompeo alors qu’il était à Tel Aviv[3]. Le président américain, qui ne cache pas son hostilité envers le nucléaire iranien a toutefois reçu, fin avril, le président Emmanuel Macron puis la chancelière allemande Angela Merkel à la Maison Blanche, afin de s’entretenir sur ce sujet.
Vers un nouvel accord ?
A l’issue de sa réunion avec le président Trump, Emmanuel Macron a estimé que l’accord n’était pas « suffisant »[4]. Tous deux ont d’ailleurs annoncé qu’ils étaient prêts à travailler ensemble sur un nouvel accord qui incluerait notamment la question du conflit syrien et son éventuel règlement.
Le président iranien lors d’un entretien téléphonique avec son homologue français s’est néanmoins opposé à cette proposition. « L’accord nucléaire ou tout autre sujet sous son prétexte n’est en aucune manière négociable », a déclaré Hassan Rohani, selon le communiqué des services du président iranien, dimanche 29 avril. Quelques jours plus tard, Ali Akbar Velayati, conseiller du Guide suprême iranien pour les affaires internationales a indiqué que l’Iran serait prêt à se retirer de l’accord si les États-Unis prenaient la décision d’en sortir.
Le rôle de plus en plus hégémonique de l’Iran
Derrière l’enjeu du nucléaire iranien se trouve d’autres questions qui inquiètent les Américains et leurs alliés comme celles liées au programme balistique iranien ainsi qu’à son influence grandissante et considérée comme perturbatrice dans la région notamment en Syrie, au Yémen et au Liban. Donald Trump reproche à ce titre à Téhéran de violer « l’esprit » de l’accord en raison de son rôle « déstabilisateur » au Moyen-Orient.
Dans ce contexte, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a accusé l’Iran d’avoir menti sur son programme nucléaire et a dévoilé, le 30 avril dernier, le contenu de 55 000 pages et 183 CD que ses services de renseignement ont obtenus. En 2011, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait cependant déjà fait mention d’un tel programme dans un rapport. Il s’agit donc davantage d’une opération de communication destinée à convaincre le président Trump de sortir de l’accord plutôt que de nouvelles preuves.
[1] Propos de Donald Trump durant sa campagne électorale en 2016.
[2] Gilles Paris, « Les accusations israéliennes renforcent l’hostilité de Donald Trump envers le nucléaire iranien », Le Monde, 1er mai 2018.
[3] Sophie Amsili, « Iran : pour Rohani, l’accord sur le nucléaire n’est pas « négociable »», Les Echos, 30 avril 2018.
[4] Yohan Blavignat, « Trump et Macron plaident pour un « nouvel » accord avec l’Iran », Le Figaro, 24 avril 2018.