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Rétrospective 2017 : L’affirmation de la puissance iranienne

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Téhéran, capitale moderne

Alors que la signature du Plan global d’action conjoint, le 14 juillet 2015, avait permis une levée progressive des sanctions et la réinsertion de la République islamique sur la scène internationale ; la victoire du courant des réformateurs et modérés lors des législatives de février 2016, puis la réélection du président Hassan Rohani, le 19 mai 2017, ont entériné la poursuite d’une politique mesurée -conjuguant ouverture et libéralisme modéré – favorable au regain de puissance régional de l’Iran. Marquée par un contexte international en mouvement, l’année 2017 semble avoir consacré un retour en force géopolitique et économique de l’Etat perse qui apparaît de nouveau comme une puissance incontournable.

L’Iran, un acteur régional aujourd’hui incontournable

A la faveur d’une situation chaotique au Moyen-Orient, l’Iran est redevenu un acteur régional essentiel et incontournable dont l’influence s’exerce aujourd’hui sur l’ensemble d’un « arc chiite […] de Téhéran à Beyrouth en passant par Bagdad, Bassorah, Alep et Damas »[1]. A travers une politique pan chiite active et pragmatique, le rôle de la République islamique n’a cessé de croître, poussant le président Rohani à déclarer, en octobre dernier, que « l’importance de la nation iranienne dans la région est plus forte qu’à toute autre période »[2]. En Syrie, la survie du régime Assad et la présence au sol de près de 20 000 combattants iraniens[3] garantissent au pays une place décisive dans tout règlement du conflit. La rencontre du 22 novembre dernier entre le président russe Vladimir Poutine et ses homologues turcs et iraniens n’a fait que confirmer l’importance stratégique qu’ont pris les trois Etats dans la nouvelle donne syrienne, au détriment de la coalition internationale sous l’égide américaine et du processus de Genève[4]. Par ailleurs, la présence de très nombreuses milices iraniennes en Irak, le soutien au Hezbollah libanais mais également aux Houthis yéménites constituent autant de vecteurs d’influence pour Téhéran qui se pose comme défenseur des minorités chiites et grande puissance régionale non-arabe.

Une puissance économique montante

La levée des sanctions internationales financières et de l’embargo économique imposé au pays ont permis à l’Iran de se réintégrer progressivement dans l’ordre économique international, favorisant dès lors la réalisation du formidable potentiel économique du pays. Portée par une population jeune et éduquée ainsi que de nombreuses ressources naturelles, notamment en hydrocarbure, la 19ème puissance économique mondiale semble être à même de rapidement rattraper son retard avec des prévisions de croissance de 8% par an[5]. Bien que les investissements étrangers fluctuent au gré des positions américaines, avec la crainte d’un possible retour des sanctions, le pays attire aujourd’hui de nombreux capitaux étrangers dans différents secteurs tels que l’énergie, l’automobile ou encore l’aviation civile[6], à l’image du contrat record entre Total et Téhéran pour l’exploitation du gisement géant de gaz South Pars en juillet dernier. En outre, riche d’un héritage civilisationnel millénaire et d’une géographie variée, le pays se positionne également dans le secteur touristique, combinant ainsi revenus conséquents et rayonnement mondial.

Un ordre international qui joue en faveur de la République islamique  

Sur le temps long, la situation au Moyen-Orient, dans la lignée des printemps arabes, tout comme la politique étrangère américaine ont joué en faveur de Téhéran. En effet, la destruction du régime de Saddam Hussein en avril 2003 et l’avènement d’un état irakien chiite, la signature de l’accord sur le nucléaire iranien en juillet 2015 et aujourd’hui l’unilatéralisme et l’attitude chaotique de Donald Trump ont posé les jalons du grand retour de l’Iran dans le jeu régional. Aujourd’hui, l’Iran apparait comme une puissance régionale stable dont les principaux adversaires peinent à contrer l’influence au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen. Les Etats-Unis et Israël, plus isolés que jamais, et l’Arabie Saoudite, embourbée au Yémen, peinent ainsi à contenir l’expansionnisme de Téhéran.

Néanmoins, la situation, loin d’être immuable, pourrait rapidement évoluer en défaveur de la République islamique, notamment sur le règlement politique du conflit syrien. Malgré un rapprochement de circonstance, les visions russes et iraniennes ont souvent divergé [7].

 

[1] Quelle place pour l’Iran au Moyen-Orient ?, Entretien avec Denis Bauchard, Diplomatie, Les grands dossiers n°37, Février Mars 2017

[2] Téhéran vante son influence au Moyen-Orient, Le Figaro, 23 Octobre 2017

[3] Quelle place pour l’Iran au Moyen-Orient ?, Op. Cit,

[4] Igor Soubbotine, L’alliance russo-irano-turque marginalise Washington dans le conflit syrien, NEZAVISSIMAÏA GAZETA – MOSCOU, Courrier International, 23 Novembre 2017

[5] Iran : Le nouvel eldorado économique ?, Entretien avec Thierry Coville, Diplomatie, Les grands dossiers n°37, Février Mars 2017

[6] Ces sociétés qui ont signé un contrat avec l’Iran depuis la fin des sanctions, L’Usine Nouvelle, 15 Octobre 2017

[7] Quelle place pour l’Iran au Moyen-Orient ? Op.cit

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