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Vers un marché transatlantique ?

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Après quatre années de dédain total vis-à-vis de l’Europe, le Président Obama, lors de son discours de l’Union, a évoqué la possibilité d’un marché transatlantique. Outre la volonté de se renforcer face aux menaces émergentes, qu’est-ce qui peut motiver son choix ?

Un tel rapprochement serait historique. Rassembler plus de la moitié du PIB mondial au sein d’un même espace économique ferait d’une telle opportunité un véritable « OTAN économique ». Avant d’évoquer les difficultés qui paraissent insurmontables à l’avenir d’un tel pacte, un point évident apparait. B. Obama, par cette déclaration, reconnaît implicitement que combattre séparément les puissances émergentes est un combat perdu d’avance. Alors, fidèle au proverbe « l’union fait la force », les Etats-Unis et l’Europe pensent allier leurs forces pour éviter que le chant du cygne ne sonne trop vite. Pour l’Europe, il pourrait s’agir en réalité d’un faux-fuyant : face à l’impossibilité de parvenir à une union économique et politique solide, la perspective d’un rapprochement avec l’allié américain serait-il le dernier moyen avancé par Bruxelles pour pousser les Etats à plus de cohésion ?

Une « Union Atlantique » infaisable à moyen terme

Sans tomber dans un fatalisme exacerbé face à cette annonce surprise, force est de constater qu’aujourd’hui, les obstacles à un tel rapprochement pariassent immenses. Certains secteurs, en particulier celui de l’agriculture, vont être au cœur des enjeux, notamment eu égard aux années de querelles américano-européennes au sujet des subventions agricoles. L’introduction de nouvelles règles, régulations, harmonisations de tous ordres, droits de propriété intellectuelle seront des sujets d’opposition parmi d’autres.

Cependant, le constat saute aux yeux. A priori, l’Europe s’est montrée incapable depuis de nombreuses années à démontrer l’efficacité d’une union économique entre des Etats qui tentent de préserver un minimum d’intérêts nationaux. Certes, la perspective d’une « Union Atlantique » n’irait certainement pas aussi loin, se cantonnant à des considérations purement commerciales, voire juridiques. Mais l’idée de faire accepter aux peuples des deux rives de l’Atlantique un tel rapprochement parait illusoire aujourd’hui, tant la méfiance réciproque est grande.

Restons cependant optimiste. Un tel rapprochement est infaisable à court-moyen terme, mais imaginer un marché atlantique unique à l’horizon 2030 ne parait pas être une lubie imaginaire. 2030, c’est loin, et l’envie réciproque des deux plus grands espaces économiques actuels, derniers fers de lance d’un Occident en déclin, aura peut-être disparu d’ici là. A moins que le « couple transatlantique » ne démontre, au contraire, qu’il n’est pas fait que de bric et de broc !

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