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Discours sur l’Etat de l’Union d’Obama : refaire l’Union autour de l’Etat?

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Il est une tradition à laquelle personne n’échappe aux Etats-Unis : à chaque discours sur l’Etat de l’Union, le président en place doit prononcer « l’Etat de notre Union est fort » (« strong »). Quiconque s’essaie à l’originalité se risque aux brimbalements entre critiques, ce fut le cas de Gerald Ford en 1975, et louanges, ce fut le cas de Bush et son « axe du Mal ». Obama savait l’exercice périlleux.

Quel est l’Etat de l’Union ? A l’image de l’Ohio, l’Union est divisée. L’élection de 2012 a creusé des fossés entre deux camps extrêmes dont l’affrontement se polarise désormais entre la Chambre des Représentants d’un côté et la Maison Blanche et le Sénat de l’autre. Les contestations augmentent au sein des Etats républicains comme le Texas où le mouvement indépendantiste Republic of Texas prend de l’importance. Les inégalités croissantes entre riches et pauvres, femmes et hommes, minorités ethniques et WASPs se creusent. A l’heure où les Américains n’ont plus d’ennemis, donc plus de cause commune, les opinions se divisent sur des débats houleux.

En vue d’une fin de présidence ambitieuse, Obama profite de cette segmentation de l’opinion afin de ressouder son camp pour les élections de mi-mandat. D’où ses propositions utopiques en faveur de la légalisation de 11 millions d’immigrés clandestins sous condition, d’une politique environnementale d’envergure et surtout de la limitation du port d’armes à feu dans un pays où 310 millions d’armes circulent.

De plus, à l’heure de la « Grande Récession »,  les Cassandre regardent les indicateurs osciller au-dessus des abîmes de la récession, de la dette et des déficits. Face à cette décadence, le remède obamien s’apparente aux aspirines rooseveltiennes. Hausse du salaire minimum de 25%, hausse des impôts pour les plus riches mais objectif maintenu de contraction des dépenses, grand plan d’investissements de 50 milliards dans des travaux d’aménagement et dans l’éducation. Pour relancer l’économie américaine, Obama propose une cuisine keynésienne  relevée aux épices libérales (pour contenter les républicains ?). N’importe : à l’heure où l’Union se délite, Obama renforce l’Etat.

Alors qu’il renforce l’Etat par une politique économique active, il propose subrepticement de se renforcer de l’extérieur en s’isolant. Il propose une réduction de l’arsenal nucléaire américano-russe, un retrait accéléré de la moitié du contingent américain en Afghanistan, l’ouverture de négociations atomiques avec l’Iran et la Corée du Nord. Outre un soutien à ses alliés contre Al-Qaïda (d’où un retrait progressif de ce terrain), il propose un accord de libre-échange transatlantique pour contrer le blocage des négociations de l’OMC, sans prendre en compte les tensions liées à l’agriculture et surtout à l’aéronautique (Airbus/Boeing).

Barack Obama voulut marquer une rupture lors de son discours : selon lui, l’Etat de l’Union se renforce  (« stronger »). Pas l’Union. Il voulut marquer le renforcement de l’Etat pour consolider l’Union et signifia le retour à l’isolationnisme américain en temps de crise. Mais cette position peut-elle durer à l’heure du fiscal cliff et des bouleversements au Proche-Orient, en Iran, Corée du Nord et des révolutions économiques en Chine ?

 

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