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Obama à l’épreuve de la torture

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Obama condamne la torture mais pas les coupables
Obama condamne la torture mais pas les coupables

Le Sénat américain a dévoilé les conclusions de cinq années d’enquête qui font la lumière sur le programme secret que la CIA a appliqué après les attentats du 11 Septembre. Obama a condamné les actes de tortures décrits dans le rapport.

Loin des séquences de talkshow à l’américaine qui nous parviennent souvent en France, un sujet beaucoup plus sérieux a été abordé par Mme Feinstein, présidente de la commission du renseignement du Sénat, en direct à la télévision. Cette dernière a rendu public un rapport sur les pratiques criminelles employées par la CIA et l’après 11 Septembre. Ce rapport aura pris près d’une demi-décennie à se construire : 400 pages s’appuyant sur l’examen de plusieurs millions de documents de l’administration et de la Central Intelligence Agency (CIA).

La torture utilisée par la CIA rappelle malheureusement étrangement les méthodes des régimes totalitaires. Censées combattre le terrorisme ces méthodes risquent de renforcer la défiance vis-à-vis des américains. Bien que l’on sache que les Etats-Unis ne sont pas des enfants de cœur, ces révélations ont choqué de nombreuses personnes pensant que ce temps était révolu : une puissance moderne comme les Etats-Unis aurait donc besoin d’utiliser des méthodes particulièrement barbares et ancestrales pour parvenir à ses fins ?

Cela prouve également que cette toute puissance clamée haut et fort dans un patriotisme débordant est souvent bien moins éclatante derrière la face cachée du miroir. Et que les limites de cette puissance sont très nombreuses. Un Etat démocratique comme les Etats-Unis a donc fermé les yeux sur des tortures : « une vérité laide » comme l’a bien indiqué Dianne Feinstein.

Les Etats-Unis ont donc balancé à la face du monde une vérité difficile à entendre ; un acte périlleux mais qui pourra servir de leçon pour l’avenir si tant est que les Etats-Unis soient capables de retenir les leçons du passé en matière de défense (échecs retentissants au Vietnam, récidive en Irak et Afghanistan, etc). Certains se plaisent à rappeler que la CIA n’a pas agi seule et évoquent une coopération main dans la main avec la présidence George Bush.

Obama n’a pas hésité à employer des mots forts : «Ces techniques ont fortement terni la réputation de l’Amérique dans le monde» mais il condamne les actes et non les acteurs.

Le président américain souhaite à tout prix s’écarter de l’empreinte laissée par la CIA à cette époque. Les tortures pratiquées par la CIA sous l’ère Georges Bush sont des pratiques que Barack Obama ne veut surtout pas voir associées aux politiques qu’il a engagé depuis le début de son premier mandat. Il a d’ailleurs soutenu la publication de ce rapport malgré les voix qui s’élevaient contre sa diffusion publique. Obama sait très bien que ces pratiques, auxquels il a mis fin, pourraient se reproduire à l’avenir. En temps de guerre, les méthodes extrêmes sont souvent de mise, et ce même dans des Etats dits plus « démocratiques ».

La Maison Blanche est sous pression car beaucoup souhaitent voir se dérouler un procès suite à ces révélations. S’il s’avérait que la justice ne punissait pas les coupables, le risque de refaire face à une telle situation serait augmenté. Or Obama n’est pas en faveur de ces poursuites, notamment car les coupables sont difficilement condamnables et il est difficile de condamner des opposants pour des actes politiques, sachant que lui-même ne pourra se targuer d’être blanc comme neige à la fin de son mandat.

Rappelons qu’une des principales promesses de Barack Obama, dès la campagne précédent son premier mandat, était la fermeture de Guantanamo, qui est toujours ouvert 6 ans après.

Les Etats-Unis ne sont pas uniques en matière de torture, mais ces révélations vont accentuer la défiance vis-à-vis de l’Etat. Les alliés américains et notamment ceux qui ont participé à ces agissements pourraient hésiter à serrer la main qui leur sera tendue lors de prochains événements. Obama risque de vivre une période assez difficile avec ce mea culpa à moité assumé étant donné l’impunité dont les criminels devrait bénéficier.

 

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