Des JO de Rio guère géopolitiques
Organisés dans un contexte tendu, avec des menaces tant externes (terrorisme) qu’internes (opposition populaire), et précédés par un imbroglio au sujet du dopage d’Etat russe, les Jeux Olympiques d’été de Rio ne laisseront pas un impact politique considérable, à l’inverse de ceux de Pékin en 2008 ou de Sotchi en 2014.
Alors que le Brésil traverse une des crises politiques majeures de son histoire récente, marquée par la révélation de scandales de corruption poussant une dirigeante à être destituée, le pays a cependant fait bonne figure durant cette quinzaine de compétition. Comme il y a deux ans lorsqu’il organisa la Coupe du monde de football, le pays a semblé oublier un temps les oppositions profondes qui le rongent depuis plusieurs années. Nous savons que le sport a cette vertu de rapprocher les peuples (allant même jusqu’à un patriotisme exacerbé), les Jeux 2016 en sont une nouvelle preuve.
Lorsqu’on s’intéresse au pays hôte, on voit que l’organisation de deux des plus grands événements de la planète en deux ans tombe mal. Elle coïncide en effet avec les retombées négatives d’une redistribution que le Brésil ne pouvait se permettre malgré sa croissance colossale de la décennie 2000, ainsi que la nouvelle preuve que le géant latino-américain n’en avait pas fini avec une corruption endémique. L’organisation de ces Jeux avait pris du retard, ce qui a causé de nombreux couacs durant l’événement (infrastructures déficientes, bouchons généralisés). Maintenant que le Brésil a usé de ces Jeux pour une exposition maximale, le plus dur commence. Le peuple brésilien a eu « du pain et des Jeux », comme les Romains de l’Antiquité, même si les tribunes sont souvent restées vides, mais il demandera toujours plus des dirigeants honnêtes et capables de remettre le pays sur des bons rails.
Comme pour tout pays organisateur de Jeux Olympiques, le plus dur commence pour le Brésil…
A l’échelle mondiale, ces JO n’auront pas l’impact de ceux de Pékin en 2008, qui avaient permis à la Chine de démontrer sa toute-puissance. Néanmoins, une constante moderne demeure : la Russie sait rappeler au monde son existence durant ces événements. En 2008, elle mena une guerre contre son voisin géorgien en pleins Jeux. En 2014, elle sur-dépensa afin de faire des JO de Sotchi les plus grands JO d’hiver de l’histoire. Cette année, malgré des dizaines d’athlètes interdits de compétition, elle demeure dans le top 5 au classement des médailles. Alors que le rapport MacLaren épingle un « dopage d’Etat » russe, de maigres dénégations ont fusé, alors que la Russie est plutôt habituée aux grands coups d’éclat. Ainsi, plutôt que de boycotter les Jeux pour s’opposer à ces accusations qu’elle juge infondées, la Russie y a participé, preuve de l’importance politique que ces Jeux revêtent.
Plus généralement, on ne peut que s’interroger sur l’opacité de l’organisation et de la gestion des JO par le Comité International Olympique (CIO). Ce dernier accumule les scandales, entre lobbying exacerbé pour l’obtention des Jeux (qui aboutit à un dérapage massif des budgets d’organisation), scandales d’arbitrage, sans oublier évidemment la piètre lutte contre le dopage. Son indécision vis-à-vis de la Russie en est une écrasante preuve. Soit le rapport MacLaren dit vrai, et le CIO doit frapper fort. Soit l’enjeu économique et politique des JO est bien plus important que de reconnaître que le dopage est institutionnalisé dans de très nombreux cas. Car nul ne peut croire que le dopage se cantonne à la seule Russie…