La protection de l’environnement: dernière bataille de Barack Obama ?
Le 20 Décembre 2016, Barack Obama a décrété l’interdiction des forages pétroliers dans l’Océan Arctique et dans l’Océan Atlantique. Cette interdiction par décret protège de vastes zones maritimes riches en hydrocarbure et marque la volonté de Barack Obama de parachever sa politique en faveur de la protection de l’environnement…quelques semaines avant l’investiture de Trump à la Maison Blanche.
Quels enjeux pour les territoires concernés ?
Les zones concernées comprennent toutes les eaux américaines de la mer des Tchouktches, entre l’Alaska et la Russie ainsi qu’une partie des eaux américaines du Beaufort au Nord de l’Alaska et du Canada. Dans l’Atlantique, le forage est interdit dans 31 canyons sous-marins depuis la Nouvelle Angleterre jusqu’à la baie de Chesapeake. En décrétant l’interdiction de tout forage en Arctique et en Atlantique, Barack Obama protège une zone totale de 50 millions d’hectares, soit près de 5% de la surface des Etats-Unis. Si les enjeux paraissent aujourd’hui de seconde importance (en 2015, seul 0.1% de la production américaine de brute offshore provient de l’Arctique), la zone pourrait renfermer d’importantes réserves en hydrocarbures et constitue un intérêt stratégique de long terme pour les grandes compagnies pétrolières. Sur le plan diplomatique, ce décret est également une victoire de l’administration Obama car Justin Trudeau, Premier Ministre canadien a également gelé toutes les opérations de forage en Arctique et s’est engagé à co-développer avec les Etats-Unis un nouveau Cadre stratégique pour l’Arctique, renforçant ainsi les relations bilatérales des deux pays au Nord du continent.
Une manœuvre politique avant l’arrivée de Trump à la Maison Blanche ?
A peine un mois après l’annonce de l’élection de Donald Trump, qui a promis de déréguler au maximum l’extraction pétrolière pendant son mandat, ce décret entrave sérieusement le développement des activités pétrolières dans la région. Pour ce faire, Obama s’est appuyé sur la loi de 1953 sur l’Outer Continental Shelf Lands Act (loi sur les terres du plateau continental) visant à donner au président américain le pouvoir d’interdire le forage dans les eaux territoriales américaines. Initialement, Obama avait décrété en Novembre l’interdiction du forage pour une durée de cinq ans. Un mois plus tard, Obama est revenu sur sa décision et applique le décret pour une durée illimitée. Quelques jours seulement après les nominations par Donald Trump de Rex Tillerson, ancien PDG d’ExxonMobil à la tete du Secretariat d’Etat et de Scott Pruitt, climatosceptique notoire à la tête de l’Agence américaine de protection environnementale l’acte présidentiel sonne comme une réponse au virage pro-pétrolier amorcé par la nouvelle administration. Une question demeure : sera-t-il suffisant pour entraver la politique de dérégulation de Trump dans l’Arctique ?
Quel bilan Obama laisse-t-il en matière d’environnement ?
Barack Obama aura été le président américain le plus actif en matière de protection de l’environnement. Le président sortant aura engagé les Etats-Unis sur la voie de la transition énergétique notamment via l’annonce en Aout 2016 du Clean Power Plan visant une baisse de 32% d’ici à 2030 des émissions de centrales électriques. Sous la présidence Obama la production d’énergie solaire aura été multipliée par 10 et le secteur éolien par 3 [1]. Son mandat sera marqué par l’arrêt du projet de pipeline géant Keystone XL qui devait acheminer le pétrole depuis le Canada jusqu’au Golfe du Mexique. Sur le plan international, Barack Obama aura été l’un des principaux acteurs et signataires des accords de Paris de 2015 sur le climat. Néanmoins, la non-interdiction de la fracturation hydraulique dans le processus d’extraction de gaz et pétrole de schiste et l’autorisation du forage au large de la côte Est des Etats-Unis viennent nuancer ce bilan.
Les récentes prises de positions climatosceptiques de Trump et l’influence des lobbies pétroliers sur la nouvelle administration remettent en cause les efforts réalisés en matière de protection de l’environnement.
[1] Source: Maison Blanche