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Malaisie-Philippines : regain de tension ?

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Les combats entre les troupes régulières malaises et des miliciens philippins sur l’ile de Bornéo ont fait 31 morts ce jeudi. Face à cette situation, l’ONU a appelé à une interruption des combats, ce qu’a catégoriquement refusé le gouvernement malais, qui exige le désarmement totale et la reddition sans condition des philippins.

Les miliciens philippins se réclament soldats du Sultanat de Sulu, un royaume qui s’étendait sur les iles du sud des Philippines et du nord de la Malaisie. Le leader de ces milices est le sultan Jamalul Kiram III.

Si les combats se poursuivent à Bornéo et dans le Sabah, au niveau des Etats, les relations demeurent relativement cordiales : le gouvernement philippin désavoue pleinement et sans ambigüité Jamalul Kiram, et la police fédérale a même monté contre lui un dossier d’accusation. L’armée régulière patrouille dans les eaux séparant les Philippines et la Malaisie pour empêcher de nouveaux militants philippins de venir en aide à leurs compatriotes.

De son côté, et même s’il se montre d’une totale intransigeance contre les milices, le gouvernement malais poursuit le dialogue avec Manille, tout en réclamant l’extradition de Jamalul Kiram vers la Malaisie.

Si ces combats sont dramatiques et meurtriers, ils devraient donc rester sans conséquence à grande échelle : a priori pas de menace pour la paix dans la région. Pourtant, ces  violences sont révélatrices d’une problématique majeure pour l’Asie du Sud-est.

Cette problématique, c’est l’extraordinaire morcellement national de la région. Philippines, Malaisie et Indonésie sont trois grands Etats fédéraux qui regroupent en leur sein une multitude de nations « historiques », parfois peu fidèles aux pouvoirs centraux. Cet état de fait a deux conséquences majeures.

D’une part, la relative faiblesse du pouvoir central de ces pays. Les mouvements sécessionnistes en Aceh ou au Timor en témoignent. Aujourd’hui, c’est l’incapacité de Manille à contrôler ses nations australes qui est révélée.

D’autre part, l’absence de frontières satisfaisantes. Les limites actuelles sont peu ou prou héritées des trois grands ensembles coloniaux néerlandais (Indonésie), britanniques (Malaisie) et hispano-étatsuniens (Philippines). Ces tracés sont bien évidemment violemment contestés par de très nombreuses nations (parfois très anciennes) au sein des trois pays, et parfois par les pays eux-mêmes (au gré des découvertes de gisements pétroliers, il est vrai) !

L’enrichissement de l’Asie ne doit surtout pas nous faire croire que la zone est géopolitiquement pacifiée…

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