Les évolutions de la politique étrangère de l’Inde depuis 1947
L’Inde dispose d’atouts économiques, démographiques, politiques et culturels indéniables. Elle souffre également de faiblesses intérieures qui influencent sa diplomatie. Toutefois, nous souhaitons ici nous concentrer sur les évolutions de sa politique étrangère depuis 1947.
Depuis l’indépendance en 1947, l’influence de l’Inde dans le monde s’est accrue au gré de plusieurs étapes. Après la conférence de Bandoung de 1955, l’Inde a été un des chefs de file du « non-alignement » du Tiers-monde durant la guerre froide. A partir de 1971, elle se rapproche à partir de 1971 de l’URSS (signature d’un traité d’amitié). Depuis 1991, l’Inde a effectué un double rapprochement avec les USA et Israël dans leur lutte contre le terrorisme islamiste : elle signe en 2005 avec Washington un accord sur le nucléaire permettant d’accéder à la technologie du nucléaire civil, bien que l’Inde n’appartienne pas au TNP. Parallèlement, l’Inde organise la régionalisation du sous-continent indien. D’une part, elle intègre le Forum régional de l’ASEAN en 1996. D’autre part, elle fait partie de la SAARC qui prévoit la création d’une zone de libre-échange.
Le conflit entre l’Inde et le Pakistan a formé deux puissances nucléaires et militaires. Depuis la séparation de 1947, plusieurs conflits ont éclaté entre les deux pays : guerre du Cachemire en 1947-1948 et en 1965, guerre d’indépendance du Bangladesh (Pakistan oriental) en 1971. En 1974, l’Inde est devenue un Etat doté de l’arme nucléaire tout comme le Pakistan. Malgré des avancées dont un accord de non-ciblage des installations nucléaires, les tensions demeurent (partage des eaux de l’Indus, attentats 2008 à Bombay). C’est pourquoi l’Inde entretient sa puissance militaire : elle dispose d’une armée de 1,3 million d’hommes qui se modernise, l’Inde étant le premier acheteur d’armes au monde.
Contrairement à la Chine, le commerce international n’occupe qu’une faible part de sa croissance économique car l’Inde est mal intégrée aux échanges asiatiques en raison de ses tensions avec le Sri Lanka au sujet des Tamouls, de l’instabilité de ses voisins (Bangladesh, Népal, Pakistan) et de sa vulnérabilité face à l’ombre de la Chine et de ses alliés (Birmanie, Sri Lanka, Pakistan).
Pour renforcer son statut de puissance, l’Inde a réorienté sa politique étrangère autour de quatre piliers :
- Tout d’abord, l’Inde souhaite renforcer son statut de puissance régionale en devenant la puissance navale de l’océan Indien. Les intérêts économiques poussent à une implication croissante car la route du pétrole du golfe Persique vers la Chine et la route des porte-conteneurs d’Asie à l’Europe se croisent au large de ses côtes. L’Inde a ainsi créé en 1996 avec l’Afrique du Sud l’association des pays de l’océan Indien pour la coopération régionale (IORARC) regroupant 19 pays.
- Ensuite, elle renforce la coopération régionale avec la Chine (règlement du différend frontalier du Tibet en 2005) même si en 2011, l’armée chinoise a pénétré en Inde.
- De plus, important 75% de ses besoins pétroliers, elle veut assurer son indépendance énergétique. Elle a ainsi lancé un vaste plan de nucléarisation civil et participe au projet de gazoduc reliant l’Iran à la Chine.
- Enfin, elle consolide les relations récemment établis avec les Etats-Unis notamment dans leur tentative de réduction de l’influence chinoise sur la région (« stratégie du collier de perles »). Obama, lors d’un voyage en 2010, a soutenu la candidature de l’Inde à un siège permanent au CS de l’ONU.