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L’attribution du Prix Nobel de la Paix au dissident chinois Liu Xiaobo énerve Pékin

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Le Prix Nobel de la Paix a été attribué ce vendredi 8 octobre au Chinois Liu Xiaobo qui succède donc à Barack Obama. Liu Xiaobo, dissident chinois de 54 ans, purge actuellement une peine de onze ans de prison pour « subversion du pouvoir de l’Etat ». Ses revendications démocratiques s’étaient déjà manifestées en 1989 lors du rassemblement sur la place Tienanmen. Sa condamnation actuelle, commencée en décembre dernier, fait suite à la rédaction de la Charte 08, un texte réclamant une Chine démocratique.

Les réactions sont nombreuses à travers le monde. Par la voie de Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, la France a appelé à la libération du prisonnier chinois. L’Allemagne, également, a demandé se remise en liberté, afin qu’il puisse recevoir son prix dignement. Du côté des ONG, la plupart d’entre elles, à commencer par Amnesty International, en ont profité pour souligner le manque de démocratie en Chine et les carences en matière des Droits de l’Homme. Beaucoup ont également salué le courage du comité Nobel qui n’a pas reculé en sachant la réaction que cela entrainerait dans l’Empire du Milieu.

En effet, la réaction chinoise ne s’est pas fait attendre. Pékin a fustigé l’attribution du Prix Nobel de la Paix, celui-ci étant « contraire aux principes de ce prix » aux yeux des dirigeants chinois. Le régime a également fait savoir que cette décision nuirait aux relations sino-norvégiennes, le comité se réunissant traditionnellement à Oslo, et ce alors même que la Norvège était en passe de conclure un accord de libre-échange avec Pékin. En 1989, la Norvège avait déjà été pointée du doigt par la Chine suite à l’attribution du Prix Nobel de la Paix au dalaï-lama. Thorbjoern Jaglande, président du comité, a quant à lui souhaité mettre Pékin face à ses responsabilités : « Le statut de la Chine, devenue la deuxième économie mondiale, lui impose plus de responsabilités ». Mais Oslo a de son côté rappelé l’autonomie du comité, totalement indépendant du gouvernement norvégien.

La question est désormais de savoir si la Chine consentira à libérer Liu Xiaobo sous la pression internationale, même si a priori cela serait bien trop risqué pour la stabilité du régime chinois. La démocratie en Chine, qui pourrait correspondre à une « quatrième modernisation », n’est pas à l’ordre du jour. Mais peut-être que le message contenu dans cette récompense est justement de faire comprendre à la Chine que la démocratie et le respect des Droits de l’Homme sont indispensable dans une société moderne. En tout cas, on ne peut que saluer la bravoure de ce geste : cela montre que, malgré la persistance des remontrances chinoises, il est possible de passer outre et d’agir en  faisant abstraction de ce genre de pressions.

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