Europe

Chypre : nouveau conflit entre la Grèce et la Turquie pour des matières premières

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La tension est à nouveau palpable à Chypre entre la Grèce et la Turquie après la construction, la semaine dernière, par la Turquie d’un puits de forage terrestre à Trikomo, dans la partie nord de l’île. Sur fond de hausse des cours de matières premières, Ankara et Athènes fourbissent leurs armes.

Là où Aphrodite naquit de l’écume de la mer se joue une bataille terrible pour le contrôle d’un territoire stratégique. Ce lieu, c’est l’île de Chypre. De cet îlot paradisiaque pour touriste ressort depuis des décennies une inquiétude grandissante. De part et d’autre d’un mur, les communautés grecques et turques s’affrontent pour le contrôle de l’île. Alors qu’une trêve était signée, la hausse des cours des matières premières, en particulier l’envolée du brut, ravive des tensions terribles entre deux pays voisins, la Turquie et la Grèce.

Mi 2011, une compagnie américaine mandatée par la partie grecque découvrit un gisement pouvant receler jusqu’à 224 milliards de m3 de gaz naturel au large des côtes sud de l’île. Comme tout trésor, cette découverte de plusieurs milliards de dollars envenima une situation quasi apaisée. La Turquie jugea cet acte « illégal » et lança, en représailles, un bateau de prospection au nord de l’île. Ces recherches ont mené le gouvernement à construire leur premier puits la semaine dernière, déclenchant la rage de la partie grecque. Cette bataille pour le contrôle des ressources de l’île est en réalité une guerre larvée pour la richesse, donc le pouvoir sur cette île divisée en deux depuis 1974.

Appuyés par le régime des colonels grecs, des nationalistes chypriotes-grecs renversèrent le pouvoir en place à Nicosie en 1974 pour réunir la totalité de l’île chypriote à la Grèce. En guise de représailles, l’armée turque intervint et envahit l’île. Pour figer cette situation dépressionnaire, l’armée d’Ankara imposa la partition de l’île et l’érection d’une frontière murale entre les deux communautés ennemies. Ainsi vit le jour la « ligne verte », zone démilitarisée entre deux peuples antagonistes. Ligne verte car un officier britannique traça cette ligne de division sur une carte au crayon vert. L’Histoire ne tient pas à grand-chose.

Depuis, les mots des discours nationalistes dansent sur le feu des rancœurs partagées. Nicosie est la seule capitale du monde, aujourd’hui, à être encore partagée en deux. La Turquie  amasse 30 000 soldats sur sa partie de l’île, peuplée de 200 000 habitants! Au succès touristique de la partie grecque s’oppose la pauvreté de la zone turque, envoyant, chaque jour, 100 000 travailleurs dans la zone Sud. Les échecs politiques d’Ankara sur cette île sont trop nombreux et les risques d’explosion sont trop grands pour laisser la zone grecque profiter seule des richesses gazières de l’île.

Enfin, n’oublions pas que la crise grecque ne concerne pas qu’Athènes. Si l’Acropole s’effondre, la Turquie ne laissera pas filer la chance qui se présente à elle, d’autant que son adhésion à l’UE semble de plus en plus compromise par la conjoncture économique.

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