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Les belles paroles européennes contre l’austérité

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Lorsque C. Lagarde, Directrice du FMI, et J-M. Barroso, Président de la Commission Européenne, avouent que « l’austérité a atteint un seuil maximal d’acceptation par les peuples », on se dit qu’un réel changement de cap économique devrait être imminent en Europe. Mais la réalité, comme souvent, est bien loin des discours.

Certes, on ne peut pas nier que la Commission Européenne et la BCE soient complètement aveugles sur la situation. Elles ont récemment permis, à des pays comme la France, de reporter le retour à un déficit budgétaire de 3% du PIB de quelques mois. Elles demandent aux pays, non plus de réduire à tout prix leurs dettes et déficits publics, mais de s’attaquer à la réduction de leurs déficits structurels, via la réforme des systèmes du travail et de retraite ou une plus forte ouverture de certains secteurs à la concurrence. Mais, ces quelques initiatives en restent là.

Certains Chefs d’Etat plaident pour le passage d’un cap autoritaire à un cap plus fondé sur la croissance. Néanmoins, malgré les beaux discours, la pensée unique européenne reste la même : le retour à la croissance des pays les plus en difficulté passe par une réduction stricte de leurs déficits, faute de reprise de la demande suffisante. Autrement dit : malgré les embryons de volonté politique décelés ici et là en Europe, les poncifs réellement appliqués restent les mêmes depuis le piteux échec des relances néo-keynésiennes en 2008-09.

Le plus grave en Europe, ce n’est pas l’austérité… mais l’absence d’alternatives !

Dans les cercles bruxellois, beaucoup concèdent qu’il n’existe aucune alternative à l’austérité ambiante. Et reconnaître que la croissance est un objectif pour tous les gouvernements, via des réformes structurelles et une amélioration de la productivité, ne servirait en réalité qu’à rassurer les peuples sur le fait que l’Europe ne se trouve pas sans solution face à une morosité fort persistante. Un nouvel écran de fumée lâché par des eurocrates de plus en plus déconnectés des souffrances exprimées ici et là sur le continent.

On aurait pu penser que la reconnaissance de nombreuses erreurs théoriques par le FMI (sur les coupes budgétaires) et par les très influents Reinhardt et Rogoff (prétendant qu’une dette publique supérieure à 90% du PIB nuisait à la croissance) fassent changer les choses. En effet, philosophiquement, lorsque la pratique invalide la théorie, il est de bon ton de s’interroger sur la validité des autres théories majoritairement acceptées. Mais ce n’est pas le cas, faute de temps et de réelle volonté politique. Pour encore combien de temps ?

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