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Viktor Orban : un nouveau défi pour une Europe qui s’en serait bien passé

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Entrée en vigueur la premier janvier, la nouvelle constitution hongroise est le point d’orgue de la dérive autoritariste et nationaliste enclenchée il y a 18 mois par le premier ministre Viktor Orban.

Issu du parti conservateur, le Fidesz, Victor Orban a réuni avec son seul parti la majorité des deux tiers nécessaire au changement constitutionnel. Risquons-nous à un rapide panorama. Plus de République de Hongrie, on parle désormais de Hongrie « tout court ». Un impôt sur le revenu unique, à 16%, a été crée (plus de proportionnalité de l’impôt, un des piliers du système républicain). L’indépendance de la banque centrale hongroise est réduite. Les sans abris sont passibles de prison. L’embryon devient constitutionnellement un être humain dès le premier jour de la grossesse. Toutes les agences de presse du pays sont regroupées en un seul organisme, dirigé par un proche du premier ministre : les autorités ont d’ailleurs retiré sa fréquence à la seule radio d’opposition, Klubradio. La liste est longue.

La plupart de ces mesures sont inscrites dans la nouvelle constitution : un prochain gouvernement ne pourra les changer qu’avec la majorité des deux tiers. Cette majorité sera d’autant plus difficile à atteindre qu’un nouveau découpage des circonscriptions très avantageux pour le Fidesz a été instauré. De plus, le premier ministre est en train de placer des proches à tous les postes clés de hauts fonctionnaires (dont le mandat passe de 9 à 12 ans) : ainsi, un nouveau gouvernement aurait à faire face à l’hostilité de son appareil d’Etat.

Il s’agit donc bel et bien d’une transformation en profondeur et durable que M. Orban met en œuvre.

Et l’UE dans tout ça ? La Commission se dit « préoccupée », et elle peut l’être. Est en train de naitre au cœur de l’UE un Etat en contradiction flagrante avec ses principes fondateurs.

L’UE dispose de trois « armes » pour faire plier Viktor Orban. La première est déjà utilisée : il s’agit de suspendre les aides européennes. Ainsi, des négociations sur un plan d’aide de 20 milliards d’euros ont été interrompues. La deuxième consiste en des sanctions contre la Hongrie pour non respect du droit communautaire : les mesures prises peuvent être graduelles, mais en tout état de cause, l’UE étant un « objet juridique », le non respect prolongé du droit européen correspond de facto à une sortie de l’UE. L’article 7 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne prévoit enfin une suspension des droits d’un Etat membre « en cas de non respect de ses principes fondateurs ».

L’Europe et ses dirigeants ne veulent pas en arriver à de telles extrémités. L’UE a déjà suffisamment de problèmes. Elle ne peut cependant pas fermer indéfiniment les yeux : cela reviendrait à profondément remettre en cause son existence même. Le mépris affiché de Viktor Orban pour le droit européen et sa volonté « de ne pas se laisser dicter sa conduite par l’Europe » pousse l’UE à l’action, au risque d’accentuer la popularité de M. Orban dans un élan d’orgueil national.

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