Rétrospective 2017 : la politique étrangère du président Macron
Vainqueur de l’une des campagnes électorales les plus agitées de la Vème République, Emmanuel Macron, 40 ans, s’inscrit d’emblée dans la lignée de l’idéologie « gaullo-mitterrandienne », en référence aux deux présidents les plus actifs en terme de politique étrangère. Avec, au bout de six mois, quelques premiers résultats à commenter.
Une fois de plus, la place de la France dans le monde a été un débat mineur de la campagne présidentielle. Certes, les sujets nationaux ne manquaient pas, mais il était difficile de connaître les opinions des principaux candidats sur un sujet pourtant vital pour l’avenir de notre pays. Même la place de la France dans l’Europe fut réduite à une simple opposition entre les candidats anti-UE et l’européiste Macron.
Les ambitions mondiales d’E. Macron ont rapidement émergé dès son élection. A vrai dire, sa communication a pour but de montrer au monde qu’il ne veut pas se contenter de n’être qu’un simple président, et que son désir profond est de redonner à la France les moyens de réaffirmer son influence politique, notamment sur la scène internationale. En cela, défendre une idéologie « gaullo-mitterrandienne » en matière de politique étrangère participe de cet état de fait. En effet, ce sont ces deux présidents qui ont façonné la politique étrangère française de ces soixante dernières années : plus d’Europe, mais pas à n’importe quel prix, et le maintien d’un lien indéfectible avec les États-Unis, mais pas à n’importe quel prix. Une sorte de politique étrangère « caméléon », pragmatique, qui s’adapte en permanence aux évènements, quoi que trop souvent teintée d’opportunisme et de grands préceptes trop souvent oubliés si l’on prétend être « le » pays des Droits de l’Homme.
Des débuts fracassants… comme d’autres avant lui
Comme pour son élection, sur la scène internationale, E. Macron a bénéficié de nombreuses opportunités (certains diront « chances ») qu’offre le contexte géopolitique actuel. Outre-Atlantique, les États-Unis opèrent un retrait progressif après des décennies d’ingérences, au milieu des postures peu diplomatiques de D. Trump. Sur le vieux continent, A. Merkel n’arrive pas à former de coalition dans son propre pays, rendant les sujets européens bien secondaires dans son agenda. Quant aux Britanniques, ils restent empêtrés dans la gestion du Brexit. De fait, les trois alliés historiques de la France et uniques poids lourds occidentaux rencontrent des difficultés et se retrouvent discrédités sur la scène internationale. E. Macron, en fin stratège opportuniste, saisit la chance que lui offre la conjoncture actuelle et multiplie les faits d’armes : de la gestion du cas libyen et du cas iranien, en passant par l’inextricable discorde saudi-qatarienne et la présence au Sahel, jusqu’au conflit syrien, et la lutte pour le climat. En somme, E. Macron réagit partout, même sur les affaires sur lesquelles on ne l’attendait pas. Toutefois, l’Europe reste, évidemment, le plus grand champ de bataille du président, après plus d’une décennie d’adhésion récurrente aux postures allemandes. L’européisme macronien se développe, tant le président est persuadé que c’est en s’investissant plus dans le projet européen, en visant plus d’intégration au sein de l’Union, que la France et le continent tout entier sortiront enfin de cette crise latente.
En six mois, il est clair que l’ambition macronienne du changement est patente, néanmoins plus dans sa communication que dans ses actes. On peut en effet mentionner que ses deux prédécesseurs avaient eu la même frénésie en arrivant à l’Élysée, avant de rapidement déchanter. N’oublions ainsi jamais qu’une Union pour la Méditerranée était née en 2008 autour de deux grands alliés, la Libye de Kadhafi et la Syrie d’Al-Assad, avant le Printemps arabe que l’on a connu. Évidemment, le peuple français reste conscient qu’il ne peut tout simplement pas demander au président de remettre la France à sa place dans le concert des nations en si peu de temps. On peut par contre lui demander de profiter encore plus d’une situation internationale où l’Occident continue à se tirer une balle dans le pied pendant que le reste du monde, et notamment la Russie et la Chine, avancent. Finalement, le seul vrai bilan du mandat d’E. Macron aura lieu en 2022. D’ici là, le « lapin Duracell de la diplomatie », tel que le surnomme The Economist, a encore beaucoup à faire…