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Rétrospective 2017 : les divisions Est-Ouest au sein de l’UE

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Quotas de migrants, travailleurs détachés, État de droit… on ne compte plus les sujets de discorde entre Européens de l’Est et de l’Ouest en cette année 2017. A l’heure où l’UE essaie de se repenser en plein Brexit, la ligne de fracture à l’intérieur de l’UE n’est plus Nord-Sud comme au plus fort de la crise mais bien Est-Ouest. Pourtant, le clivage n’est pas toujours aussi simple qu’il y paraît.

Si les différends économiques sont encore majeurs en 2017, les principaux sujets de friction sont d’ordre politique et d’ordre social. La volonté de trouver une solution à la question des travailleurs détachés et à la répartition des migrants affichée par les États de l’ouest de l’UE, s’est ainsi heurtée à une opposition ferme. Celle-ci n’a pu être vaincue que dans le cas des travailleurs détachés contre d’importantes concessions concernant les transporteurs routiers. En effet, leur conception ethnique de la nation, nourrie par la peur de ne plus être maître de leur destinée et de perdre leur identité (comme sous le joug soviétique), rend les États de l’est de l’UE (groupe de Višegrad, en particulier) très allergiques à l’accueil d’étrangers et à des directives extérieures. Enfin, politiquement, le ton est monté ces derniers mois en raison des atteintes à l’État de droit en Pologne (justice passant sous le contrôle du corps législatif à tous les échelons), en Hongrie (attaques contre les ONG et les universités, en particulier celle patronnée par George Soros) et en Roumanie (lois anti-corruption moins fermes). A tel point, que la Commission européenne a eu recours à l’article 7 des traités contre la Pologne pour non-respect des valeurs fondamentales de l’UE, tout en lui laissant 3 mois pour afficher sa bonne volonté.

L’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron ne devrait pas arranger les relations Est-Ouest. Ses propositions pour plus d’intégration européenne lors du discours de la Sorbonne (intégration des réfugiés, harmonisation sociale, renforcement du Parlement européen) se heurtent à une vision d’Europe des nations largement partagée par les dirigeants est-européens. En particulier, l’idée d’une Europe « à plusieurs vitesses » est redoutée par ces derniers, de crainte d’être marginalisés. Pour autant, la création d’une initiative Trimarium (trois mers : mer Baltique, mer Noire, mer Méditerranée) par 12 États de l’est de l’UE pour créer un bloc orientale au sein de l’UE avec le soutien de Donald Trump ne peut que renforcer le fossé Est-Ouest au sein de l’Union. Un fossé entretenu par l’atlantisme des États de l’est de l’UE (Hongrie, Pologne, Lettonie ont voté contre la condamnation par l’ONU du déplacement de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem). Ils sont également plus favorables à la Chine, qui a annoncé des investissements massifs en infrastructures, industrie et énergie dans le cadre de la Belt and Road Initiative, et dont le forum « 16+1 » à Budapest a montré, une fois de plus, les désaccords sur la position à adopter face à la Chine.

Des dissensions qui sont, néanmoins, à relativiser

Cependant, les États de l’est de l’UE ne forment pas un groupe homogène. Les États baltes, en particulier, se distinguent très clairement de leurs voisins en termes de gouvernance et de pratique de la démocratie. Même au sein du groupe de Višegrad les dissensions ne manquent pas. Emmanuel Macron a su en tirer parti en ralliant à ses positions la République tchèque et la Slovaquie, considérées comme plus raisonnables, et leur a dédié une tournée en août. En parallèle, il a eu des mots assez durs pour qualifier la Pologne et la Hongrie. Enfin, l’Europe centrale et orientale peut difficilement se passer de l’UE, de ses subventions et de son marché unique, de sorte qu’une rupture radicale entre Est et Ouest semble encore lointaine. Le lancement de la Pesco pourrait même favoriser le rassemblement des Européens, puisque la défense (contre la menace russe) est essentielle pour l’est de l’UE.

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