Nouvelle conférence climat, nouvel espoir ?
Alors que la conférence climat s’est ouverte hier à Varsovie, il est bon de se demander, après la non-application du protocole de Kyoto et le retentissant échec du sommet de Copenhague, s’il est encore raisonnable d’espérer un accord en terres polonaises.
Kyoto, 1997. 184 Etats signataires adoptent le protocole de réduction des gaz à effet de serre. Le refus des Etats-Unis portera un premier coup au traité. Copenhague, 2011. Un événement annoncé en fanfare et qui n’eut d’exceptionnel que sa couverture médiatique. Ce fut un échec de taille pour les pays développés, qui n’ont pas réussi à convaincre les émergents de la nécessité de s’engager en faveur du développement durable. L’un des objectifs du Sommet, réduire de 2 degré Celsius l’augmentation de la température par rapport à l’ère préindustrielle, semble aujourd’hui hors de portée. Varsovie, 2013. Un non-événement, presque ignoré par les média et dont l’issue semble écrite d’avance.
Les pays en développement ne souhaitent pas contraindre leur développement, arguant qu’en leur temps, les pays développés ont pu s’industrialiser sans contraintes environnementales et que, rapporté à la consommation par habitant, leur part n’est pas si importante. Difficile donc de parvenir à un accord quand par exemple l’Inde ou la Chine refusent de s’engager, car ils comptent sur le charbon comme source d’énergie principale (80% de la production d’électricité en Chine, 68% en Inde). Face à eux, les pays développés qui portent ces sommets, avec en tête de pont l’Union Européenne, avec son plan d’action « 3 (ou 5) fois 20 » adoptée en 2007 : réduire de 20% son émission de gaz à effet de serre, améliorer de 20% son efficacité énergétique, porter à 20% la part des énergies renouvelable… d’ici à 2020 ! Mais ce bloc aussi doit faire face à ses difficultés et scissions. Les Etats-Unis, première puissance et surtout premier pollueur mondial avaient déjà fait partie des non-signataires du protocole de Kyoto. Le Canada, lui, avait émis le souhait de se retirer en 2011, mais des soucis de procédure l’en ont pour l’instant empêché. Le changement vient aujourd’hui de la vieille Europe, où les gouvernements, confrontés à un ralentissement de leur économie sont plus hésitants à adopter des mesures qui pourraient peser sur leur activité industrielle.
Il semble donc que l’on ait atteint le consensus du côté des gouvernements : le statu quo.
Malheureusement, le climat n’attend pas et les observation des scientifiques viennent le prouver. Ainsi, le GIEC a publié en septembre un rapport qui soulignait la responsabilité de l’Homme dans le réchauffement climatique, en même temps qu’il annonçait un réchauffement climatique allant de 0,3° à 4,8° d’ici la fin du siècle.
La lutte contre le réchauffement climatique est un problème mondial, qui nécessiterait une gouvernance supranationale. L’engagement de quelques Etats vertueux ne suffira pas à endiguer le phénomène. Le désengagement de certains peut par contre accélérer le réchauffement : il est dans l’intérêt des générations futures que nos gouvernements trouvent un accord. Malheureusement, le jeu des calculs à court terme de certains risque de briser cet espoir.