Le Small Arms Survey publie ses conclusions
Le SAS (Small Arms Survey) a révélé le 27 août à l’ONU le contenu de son dernier rapport sur les armes légères et de petit calibre. Le commerce aurait doublé depuis 2006, les échanges se chiffrant aujourd’hui à près de 8,5 milliards de dollars annuels.
C’est un chiffre qui fait froid dans le dos, mais encore faut-il le comprendre. Huit milliards et demi, ce serait en dollars le montant des échanges licites d’armes légères et de petit calibre. Une somme qui pourrait dépasser les dix milliards si on y ajoutait les transactions illégales, selon un des responsables de l’enquête. Evidemment, à ce stade, il ne s’agit que de suppositions, les données n’étant pas accessibles. Pour comptabiliser les échanges légaux, le SAS, un institut indépendant basé à Genève, s’est appuyé sur la définition donnée en 1997 à l’ONU par un panel d’experts gouvernementaux. Ces armes, appartenant à des civils, militaires ou privés doivent être utilisées pour lancer des projectiles. Elles doivent pouvoir être portés par un individu, un petit groupe d’individu, un animal ou un véhicule léger. Avant de parvenir à ces conclusions, la SAS a étudié 52 pays pendant quatre ans, en se basant sur les déclarations douanières fournies par les Etats. Si l’organisme s’est montré satisfait de la coopération avec les Etats européens et Américains, il a néanmoins déploré le manque de transparence en Afrique, Asie et au Moyen Orient – les bonnets d’âne étant attribués à l’Iran, la Corée du Nord et aux Emirats Arabes Unis.
Sur les 875 millions d’armes légères en circulation aujourd’hui dans le monde, 75% serait détenues par des civils.
C’est d’ailleurs la recrudescence du port d’arme chez les citoyens américains qui expliquerait en partie l’augmentation des échanges dans le secteur. La seconde raison résiderait dans les achats d’armes à grande échelle réalisés par les gouvernements impliqués dans les conflits Afghans et Irakiens. Les forces armées gouvernementales, légitimes ou non, représentent ainsi près d’un quart du marché. Le reste des acteurs se partage entre les groupes armés, qui compterait pour moins de 1% – leur spécificité et dangerosité consistant en la possession d’armes sophistiquées – les gangs qui possèderaient 2% – majoritairement des armes automatiques – et les compagnies de sécurité privées, encore trop méconnues pour que les informations soient utilisables. Il est cependant à noter que les kalachnikovs russes, abondamment utilisées par les groupes armés non étatiques en Afghanistan, Irak et Somalie, ne sont pas comptabilisées par le SAS. Une prise de position qui atténue peut-être une partie de la hausse déjà observée.
La plupart des pays producteurs, occidentaux sont aussi les plus grands exportateurs nets, même si certains grands producteurs comme l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord, ont une industrie tournée vers le marché national. Dès lors, il devient difficile pour les gouvernements occidentaux de prendre position par rapport à ces chiffres. La France, qui aime à se poser comme la patrie des droits de l’Homme, est ainsi le 4ème exportateur mondial. Elle reste cependant loin derrière les Etats-Unis, 1er exportateurs mondiaux, qui réalisent près du tiers des échanges mondiaux.
La publication de ce rapport n’aura sans doute pas grand impact sur les comportements des Etats et des firmes multinationales, qui tiennent à protéger la poule aux œufs d’or, n’hésitant pas à mettre de côté leur éthique. Néanmoins, il aura eu le mérite de porter l’attention sur une activité économique qui préfèrerait se rester dans l’ombre.